Reporters sans frontières condamne les restrictions imposées aux médias dans l’accès à l’information, après de violents combats dans le Nord du pays, le 23 avril 2008, au cours desquels l’armée sri lankaise aurait perdu 185 hommes.
"Les affrontements et les pertes visiblement causées ont poussé les autorités militaires à instaurer une censure préventive, en empêchant les photographes et les reporters d’accéder aux hopitaux et aux morgues pour dresser le bilan des victimes. Les déclarations contradictoires des parties en présence et les pressions permanentes du gouvernement qui souhaite promouvoir les articles les plus patriotiques illustrent l’urgence d’une couverture indépendante des événements qui agitent actuellement la région", a déclaré Reporters sans frontières.
L’un des plus violents affrontements de ces dernières années a opposé, le 23 avril, dans la péninsule de Jaffna, les forces de sécurité aux troupes des Tigres Tamouls du LTTE, occasionnant des pertes vraisemblablement plus lourdes que celles annoncées par les deux bélligérants. Chaque camp a revendiqué avoir tué près d’une centaine de combattants.
Alors que le ministère de la Défense a déclaré, le jour de la bataille, que 43 soldats avaient été tués et que 33 autres étaient portés disparus, des sources militaires non-officielles ont indiqué que l’armée avait perdu 185 hommes dont 20 étaient portés disparus. L’armée a par ailleurs revendiqué la mort de plus de 3000 combattants du LTTE depuis le début de l’année 2008, ce qui correspond au nombre total de combattants Tigres annoncé par le commandement militaire six mois auparavant.
Le gouvernement tente de gagner la guerre de l’information en s’efforçant de tenir les journalistes à l’écart des zones de combat et des centres de soins, ainsi qu’en influant sur la ligne éditoriale des journaux locaux et nationaux.
Cinq organisations de journalistes, dont le Free Media Movement, ont signé une déclaration commune dénonçant les pressions exercées par les forces armées sur les médias, en particulier à l’encontre du quotidien tamoul Thinakural. Les Tigres Tamouls et les paramilitaires sont également appelés à "respecter le droit à l’information" et à mettre fin aux attaques contre les journalistes.
Le 24 avril, des militaires ont empêché des photographes d’entrer dans des hôpitaux de Colombo où sont soignés les soldats blessés.
RSF 25.04.2008