La Mission internationale pour la liberté de la presse a condamné, le 21 janvier 2009, la "culture d’impunité et d’indifférence" entourant les attaques et les meurtres dont sont victimes les journalistes au Sri Lanka.
Depuis le début de l’année, l’assassinat d’un éditeur renommé et l’attentat contre des bureaux d’une chaîne de télévision indépendante ont conduit à une paralysie de la communauté des médias.
En lançant un nouveau rapport, "Les médias pris pour cibles : la liberté de la presse verrouillée au Sri Lanka", la Mission internationale critique le gouvernement pour son inaction et son incapacité à prévenir les attaques et assassinats de journalistes. Cette situation a pratiquement conduit à la fin du journalisme indépendant et objectif dans le nord et l’est du pays, zones les plus touchées par la guerre civile.
"Dans tous les cas d’attaques contre les médias et les assassinats de journalistes, les enquêtes lancées par le gouvernement sont peu sérieuses, et aucun des assassins n’est jamais passé en jugement", a déclaré la Mission internationale. "Un climat d’intolérance s’est propagé, dû à l’instauration par les dirigeants politiques d’une culture d’impunité et d’indifférence, permettant que, chaque jour, des personnes du monde des médias soient attaquées.
Depuis sa visite au Sri Lanka en octobre 2008, la Mission internationale a noté trois tendances en ce qui concerne la couverture du conflit : un manque d’accès de la presse aux zones touchées ; une vague d’agressions et d’intimidations de journalistes couvrant le conflit ; et une autocensure des médias sur les faits de guerre.
Depuis la visite de la Mission internationale, la situation des médias a continué de se détériorer. Le 6 janvier 2009, les studios de Maharaja Television/Broadcasting Network (MTV/MBC) ont été la cible d’hommes armés. Le 8 janvier, Lasantha Wickrematunga, éditeur du Sunday Leader, a été tué par balles par deux individus à moto alors qu’il se rendait à Colombo. Le 15 janvier, la police a lancé des recherches pour arrêter le chef de la MTV, Chevaan Daniel, après qu’il a été accusé d’être à l’origine d l’attaque de sa propre station.
La Mission internationale a constaté que les journalistes et les responsables de rédactions publiant des messages critiques sur la guerre que mène le gouvernement contre les Tigres tamouls sont considérés comme des "traîtres" ou des "terroristes". Ils évoluent dans un environnement de censure et de peur.
La Mission internationale est choquée par les cas répétés de représentants élus ou de ministres du gouvernement qui utilisent un langage violent et provocateur contre les personnes travaillant dans les médias ou contre ses derniers. Il n’est donc pas surprenant que l’autocensure généralisée de la part des journalistes pour protéger leur vie, soit devenue la règle.
"L’assassinat de Lasantha, la mort d’au moins huit autres journalistes et les disparitions de deux autres depuis 2007, illustrent les souffrances continues des journalistes", a déclaré la Mission internationale. "Sans une réelle enquête sur l’assassinat de Lasantha et l’attaque de MTV, le gouvernement ne pourra plus clamer qu’il garantit la sécurité et l’indépendance des médias", a déclaré la Mission internationale.
Nous demandons aux autorités d’accepter la création d’une commission internationale et indépendante pour enquêter sur les deux dernières attaques, en accord avec les demandes des journalistes sri lankais. La Mission internationale offre son assistance pour former cette commission et participer à l’enquête.
Depuis 2006, la Mission internationale pour la liberté de la presse au Sri Lanka a conduit trois enquêtes au Sri Lanka. La plus récente, en octobre 2008, comptait des représentants dans les organisations internationales de médias suivantes :
La Fédération internationale de journalistes (IFJ) L’International Media Support (IMS) Linternational Press Institute (IPI) L’International News Safety Institute (INSI) Reporters sans frontières (RSF)
RSF 21.01.2009