Au Sri Lanka, des responsables religieux dénoncent auprès du président de la République la crise humanitaire provoquée par la guerre civile, rapporte « Eglises d'Asie » (EDA), l'agence des Missions étrangères de Paris.
Des responsables religieux de tous horizons ont rencontré le président Mahinda Rajapaksa à Colombo, le 25 novembre dernier. Ils lui ont demandé l'arrêt des combats et ont proposé leurs services pour négocier avec le gouvernement, les leaders de l'opposition et les rebelles tamouls, le règlement de la crise humanitaire touchant les victimes civiles des combats entre l'armée gouvernementale et les Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE), dans la partie nord de l'île.
Le LTTE mène une lutte armée contre le gouvernement sri-lankais depuis 1983 en vue d'obtenir l'indépendance d'un territoire pour les Tamouls, la plus importante minorité ethnique de l'île (1). Le conflit a fait plus de 80 000 morts et déplacé plus de deux millions d'habitants. Depuis le déclenchement d'une grande offensive du gouvernement contre le bastion des Tigres tamouls dans le nord du pays en septembre dernier, plus de 300 000 civils ont dû fuir la zone des combats. Les ONG ayant été sommées de quitter les lieux, seules l'Eglise catholique et quelques équipes de la Croix-Rouge sont aujourd'hui autorisées à venir en aide aux déplacés dont la situation s'aggrave de jour en jour.
Parmi les responsables religieux qui se sont entretenus avec le président sri-lankais, se trouvaient des membres de la Conférence mondiale des religions pour la paix (WCRP) (2), dont son secrétaire général, William F. Vendley, le vénérable Tep Vong, patriarche suprême du bouddhisme au Cambodge, des représentants catholiques, protestants et bouddhistes du Japon, de la Norvège et des Etats-Unis (3).
Les responsables religieux sri-lankais étaient représentés, entre autres, par le vénérable Maduluwawe Sobitha Thero, supérieur du temple bouddhiste Sri Naga Vihara à Kotte, Mgr Norbert Andradi, évêque d'Anuradhapura et secrétaire général de la Conférence des évêques catholiques du Sri Lanka, Ramachandra Aiyar, prêtre hindou, et Moulavi Abdulla Alim, chef religieux musulman.
Tous les membres de la délégation interreligieuse ont insisté sur la nécessité de négocier la fin du conflit. La réunion avec le président faisait suite à un sommet interreligieux international organisé le 23 novembre à Anuradhapura, dans la Province du Centre-Nord de l'île, par le WCRP, sa section sri-lankaise et l'ONG National Peace Council of Sri Lanka (NPC).
« Dieu nous a offert plusieurs chances de faire la paix dans le passé et nous les avons laissées échapper, a déclaré lors de la conférence de presse suivant la rencontre Mgr Andradi. Nous devons saisir les opportunités qui existent aujourd'hui et aller de l'avant. » Dans des propos rapportés par le WCRP, le vénérable Tep Vong a rappelé que « le bouddhisme sait que la violence ne peut se résoudre par la violence. Il enseigne le pouvoir illimité de la compassion envers les ennemis ». Pour William F. Vendley, « d'un point de vue religieux, la guerre est toujours un échec, même lorsque cela apparaît politiquement justifié en dernier ressort ». Il a ajouté que les autres représentants religieux et lui-même avaient assuré le président que la paix devait être trouvée sur le terrain politique. Ils lui ont également demandé l'autorisation de visiter la zone des combats afin d'évaluer la situation des civils.
Selon certains des responsables religieux qui ont rencontré le président du Sri Lanka, celui-ci leur a dit que les forces du gouvernement ne menaient pas une guerre dirigée contre la communauté tamoule mais essayaient seulement de la libérer du joug du LTTE. Il aurait également déclaré que le gouvernement n'envisageait pas de négocier avant que les Tigres aient déposé les armes.
(1) Les Tamouls représentent environ 18 % de la population, pour plus de 70 % de Cinghalais (la population totale de l'île est de 20 millions d'habitants).
(2) World Council of Religions for Peace (WCRP).
ROME, Jeudi 11 décembre 2008 (ZENIT.org)