Reporters sans frontières est indignée par l’assassinat, le 28 mai 2008, du journaliste de télévision d’origine tamoule, Paranirupasingam Devakumar, attaqué alors qu’il rentrait à son domicile, dans la péninsule de Jaffna. Une personne qui l’accompagnait a aussi été tuée dans l’attaque.
"Paranirupasingam Devakumar est le dernier journaliste victime de la spirale de violence qui embrase la région depuis la reprise du conflit entre le gouvernement et les Tigres Tamouls en 2006. Les autorités de Colombo doivent tout mettre en œuvre pour déterminer les circonstances et identifier les auteurs du crime, afin d’empêcher qu’il reste impuni comme tant d’autres", a déclaré Reporters sans frontières.
"Bien qu’aucun suspect n’ait encore été retrouvé, les forces de sécurité devront expliquer dans quelle mesure l’attaque a pu avoir lieu dans une zone de la péninsule censée être sous étroite surveillance militaire. Le gouvernement démontre à la fois son incapacité et son manque de volonté politique à protéger les journalistes", a ajouté l’organisation.
Le correspondant à Jaffna du groupe de télévision Maharaja Television, Paranirupasingam Devakumar, a été assassiné, dans la soirée du 28 mai 2008, à Navanthurai, à quelques kilomètres de la ville de Jaffna. Le journaliste de 36 ans travaillait pour les trois chaînes de télévision privées du groupe – MTV, Sirasa TV et Shakthi TV – depuis trois ans. Un groupe non identifié l’aurait vraisemblablement frappé à mort avec une arme tranchante, alors qu’il rentrait à moto à son domicile de Vaddukoddai, en compagnie d’un ami. Ce dernier, identifié comme étant Mahendran Varadan, informaticien de 24 ans, est mort à l’hôpital des suites de ses blessures.
Le gouvernement aurait mobilisé trois équipes de police pour mener l’enquête. Aucune piste ne peut être privilégiée pour le moment, Paranirupasingam Devakumar étant connu pour avoir couvert les deux versants du conflit qui oppose les forces de sécurité aux combattants du Liberation Tigers of Tamil Eelam (LTTE). Alors que le journaliste n’avait pas été critiqué ou menacé auparavant, la thèse du mobile personnel n’est pas écartée.
"Les condamnations en bloc et les promesses d’investigations n’ont aucun sens sans la volonté politique de mener à terme les enquêtes", a déclaré le Free Media Movement, qui condamne ce nouvel assassinat de journaliste dans cette province maintes fois endeuillée du Sri Lanka. L’organisation de journalistes appelle à la fin de la "répugnante impunité" qui caractérise les violences contre les professionnels des médias.
Les journalistes de la péninsule, pris sous le feu croisé des deux forces armées, sont régulièrement victimes d’assassinats, d’enlèvements et de menaces permanentes, ce qui a contraint nombre d’entre eux à fuir la région. Reporters sans frontières avait longuement dénoncé cette situation intenable dans le rapport d’enquête "Jaffna : une presse sous l’emprise de la terreur", publié le 24 août 2007, dans le cadre de la mission internationale pour la liberté de la presse au Sri Lanka à laquelle l’organisation a participé.
Le président Mahinda Rajapaksa a récemment rappelé sa détermination à "vaincre le terrorisme" des Tigres Tamouls, à qui sont régulièrement attribués des attentats meurtriers dans la région de Colombo. Malgré leurs tentatives pour étouffer l’information, les forces de sécurité ont accusé de lourdes pertes ces derniers mois en essayant de déloger les combattants du LTTE de la péninsule de Jaffna.
RSF 29.05.2008