Très Saint-Père,
Éminences, Béatitudes, Excellences,
Frères Délégués des Églises Sœurs et des Communautés ecclésiales,
Chers Sœurs et frères, Auditeurs, Assistants, invités et experts,INTRODUCTION
«Vous allez recevoir une puissance, celle du Saint-Esprit qui viendra sur vous ; vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre» (Ac 1, 8).
Le jour de la Pentecôte, les Apôtres reçurent le Saint-Esprit promis, et obéirent à la mission que le Christ leur a confiée. Ils s’en allèrent à travers le monde prêcher le Christ et l’Évangile, et lui être témoins, jusqu’au témoignage suprême : le martyre. Une Assemblée Synodale est un renouvellement et un prolongement de la Pentecôte. L’Esprit Saint est aujourd’hui aussi à l’œuvre, avec nous et en nous, comme il le sera toujours avec son Église.
Par une heureuse et providentielle coïncidence, l’Assemblée Spéciale du Synode des Évêques pour le Moyen-Orient initia ses travaux le 11 Octobre 2010, 48ème anniversaire de l’inauguration du Concile Œcuménique Vatican II (11.10.1962) par le Bienheureux Pape Jean XXIII, que nous fêtons le même jour. Cette année commémore aussi le 45ème anniversaire de l’institution du Synode des Évêques par le Pape Paul VI, le 15 Septembre 1965.
Dans ce Synode, consacré à la ‘Communion et au témoignage’, nous voici Cardinaux, Patriarches, Évêques, Religieux et Religieuses, Laïcs, Frères et Sœurs invités, réunis autour du Saint-Père, et guidés par le Saint-Esprit, dans une ‘Communion’, non théorique, mais visible et pratique.
Nous renouvelons notre gratitude au Très Saint-Père, qui a voulu prendre l’initiative de nous convoquer pour cette Assemblée historique, dont nous expérimentons l’atmosphère fraternelle, chaleureuse et optimiste, qui nous fait espérer beaucoup de fruits bénéfiques pour l’avenir de nos Églises et de leur mission. Nous voudrions que ce Synode soit valable pour toutes les Églises, en Orient comme en Occident, les portant toutes à vivre une communion pratique. Nous remercions aussi le Secrétairerie Générale du Synode des Évêques pour les travaux de préparation et d’accompagnement.
Ce Synode est essentiellement consacré aux Églises du Moyen-Orient, comme son titre l’indique. Mais le Saint-Père a voulu y joindre aussi les Églises nord-orientales de l’Afrique, qui sont en étroit rapport avec nos Églises. Comme il a voulu y faire participer les Chefs des Dicastères du Saint-Siège, des représentants de nos Églises dans la diaspora, de l’Union des Supérieurs Généraux et des Conférences Épiscopales catholiques, ainsi que des Assistants du Secrétaire Spécial, des Auditeurs et des Auditrices, des Délégués des Églises Sœurs et des Communautés Ecclésiales, et des Invités spéciaux représentant l’Islam et le Judaïsme. Ceci donne au Synode un aspect de communion ecclésiale plus parfaite, de participation universelle, et de rencontre œcuménique et interreligieuse.
A. But du Synode
« Celui qui a des oreilles, qu'il entende ce que l'Esprit dit aux Églises » (Ap 2,7). Il me paraît utile de rappeler de nouveau le double but du Synode :
1) Confirmer et renforcer les chrétiens dans leur identité, grâce à la Parole de Dieu et aux Sacrements.
2) Raviver la communion ecclésiale entre les Églises sui iuris, afin qu’elles puissent offrir un témoignage de vie authentique et efficace. La dimension œcuménique, le dialogue interreligieux, et l’aspect missionnaire font partie intégrante de ce témoignage.
Nous voulons fournir aux chrétiens de nos pays les raisons de leur présence, pour les confirmer dans leur mission d’être et de rester des témoins authentiques du Christ ressuscité, dans chacun de leurs pays, comme icône visible du Christ, incarnation vivante de son Église, et canal actuel de l’action de l’Esprit Saint.B. Réflexion à la lumière de la Parole de Dieu
Les Pères Synodaux ont bien illustré ce point. Notre région reste fidèle à la Parole de Dieu révélée, écrite par des hommes de nos terres sous l’inspiration du Saint-Esprit. Les hommes et les pierres de nos terres ont incarné l’histoire de l’amour de Dieu à l’humanité, et y sont devenus un message d’amour pour tout homme. La Parole de Dieu restera toujours la source d’inspiration de notre communion, de notre fidélité, de notre amour, de notre « être missionnaire », et de notre témoignage. Il nous faut devenir des personnes bibliques, vivifiées par l’esprit de l’Évangile qui nous transforme en Évangiles vivants, jetés comme semence et levain dans notre contexte, pour y cultiver la culture de l’Évangile, au lieu d’être modelés selon la culture matérialiste, égoïste et relativiste de la société. La Parole de Dieu reste la source spirituelle et le trésor théologique de nos liturgies vivantes.
Il a été rappelé que nos fidèles ont une grande soif de la Parole de Dieu, et ne la trouvant pas chez nous, vont souvent s’abreuver ailleurs. C’est pourquoi nous avons besoin de beaucoup de personnes spécialisées en Écriture Sainte, académiquement certes, mais surtout pastoralement et spirituellement. « Les prêtres ont un premier devoir, qui est la proclamation de la Parole de Dieu. Ils un charisme spécial pour l’interprétation de la Sainte Écriture quand, transmettant, non pas leurs idées personnelles, mais la Parole de Dieu, ils appliquent la vérité éternelle de l’Évangile sur les circonstances concrètes de la vie » (Presbyterorum ordinis,
4). Qu’ils aident donc les fidèles à voir en Jésus-Christ l’accomplissement de toutes les Écritures et à mettre les faits de leur propre histoire sous la lumière de la Parole (cf. Ps 118, 105).
Il faut préciser le concept de « révélation », très ambigu à cause de la conception différente avec l’Islam. Pour nous, la révélation est l’intervention salvifique de Dieu dans l’histoire humaine, à travers des événements historiques expérimentés comme gestes d’amour gratuit de Dieu envers ses fidèles. Elle est le dialogue entre Dieu et l’homme dans l’histoire. L’annonce orale de ces interventions fait partie de cette « révélation » car elle transmet la foi de génération en génération. L’Écriture Sainte est une synthèse de la révélation, mais elle reste « lettre morte » pour le lecteur, s’il ne la reçoit pas comme « transmission de foi» de son Église et de sa communauté chrétienne. L’annonce, l’écoute, la lecture, ou la méditation de la Bible est rencontre avec la personne même du Christ. Aussi a-t-on insisté sur la place privilégiée de la liturgie, et des célébrations de la Parole dans des petits groupes, à l’exemple des premières communautés chrétiennes, pour une compréhension existentielle de la Parole de Dieu. Car c’est en célébrant cette Parole qu’elle devient vivante et efficace dans la vie de ceux qui l’écoutent, la méditent, la célèbrent, et trouvent leur chemin à sa lumière.
Nous avons besoin que la Parole de Dieu soit le fondement de toute éducation et formation dans nos foyers, nos Églises et nos écoles, surtout dans notre situation de minorités dans des sociétés à majorité non chrétienne, où dominent la culture et les valeurs de cette majorité, qui envahissent tous les domaines de la vie publique, et risquent de s’emparer de notre pensée et de nos comportements. Nous avons besoin que la Parole de Dieu évangélise notre vie, pour que notre vie évangélise notre société.