Au n°8 de la Dei Verbum, le Concile enseigne que “cette Tradition qui vient des Apôtres progresse dans l’Église sous l’assistance du Saint-Esprit ; en effet, la perception des réalités aussi bien que des paroles transmises s’accroît”.
Comme nous le rappelle le bienheureux John Henry Newman béatifié en Angleterre le mois dernier, cette Tradition vivante connaît un authentique développement de doctrine de façon à répondre aux nouvelles questions qui surgissent au travers des deux millénaires de l’histoire de l’Église en tant que communion des disciples du Seigneur.
Le Cardinal Newman, à travers son étude des Pères de l’âge patristique et des premiers conciles oecuméniques, a précisément trouvé la Tradition vivante qui le mène à embrasser la plénitude de la foi dans l’Église catholique. Des exemples de ce développement n’ont été absents de nos discussions au cours de ce Synode: pensez à la déclaration Nostra Aetate qui fournit une nouvelle base pour l’actuelle relation avec les juifs et les musulmans.
Pensez aussi aux discussions du Synode concernant les références à la liberté religieuse et la liberté de conscience, qui s’inscrivent dans la lignée de la déclaration du Concile Dignitatis humanae.
Le Pape Benoît XVI a donné sa propre contribution au développement en cours avec ses nombreuses interventions en faveur de la nécessaire interaction de la foi et de la raison dans le discours politique et publique, argumentant avec conviction que l’Etat séculier ou “laïc” moderne a besoin de l’importante voix de la religion pour assurer sa portée éthique.
Dans son application interne des enseignements du Concile Vatican II, il a insisté sur le besoin de la continuité avec la Tradition comme la condition d’une authentique et fidèle compréhension de l’enseignement du Concile, et donc du développement de doctrine. Ces observations peuvent être utiles lorsque nous considérons l’enseignement de l’Église à propos du Pontife Romain, l’évêque de Rome.
Cette doctrine également a entrepris une trajectoire unique de développement depuis que Jésus a proclamé: “Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église” (Mt 16,18). Plusieurs Père synodaux ont fait référence à la citation de l’Encyclique de 1995 Ut unum sint, à propos de laquelle le Document de travail dit: “ le Pape Jean-Paul II admet la responsabilité de ‘trouver une forme d'exercice de la primauté ouverte à une situation nouvelle, mais sans renoncement aucun à l'essentiel de sa mission’, en ayant présent à l’esprit la double tradition canonique latine et orientale” (n°78).
Par la suite, la Congrégation pour la Doctrine de la foi a parrainé un symposium théologique pour considérer de façon plus détaillée ces aspects de la papauté qui sont essentiels à la foi de l’Église.
En plus de la publication des actes de ce symposium, la Congrégation a aussi publié en 1998 un document sur la question, intitulé “La Primauté de Pierre dans le mystère de l’Église”.
Plus récemment, notre congrégation est en train d’envisager une convocation des Commissions doctrinales des Synodes et des Conférences épiscopales des Églises orientales et des Églises orientales sui iuris afin de discuter des questions doctrinales d’un intérêt commun.
Dans ce contexte, je voudrais envisager une étude utile et un échange de vues à propos de la façon dont le ministère du Successeur de Pierre, avec ses caractéristiques doctrinales essentielles, pourrait être exercée de différentes manières, selon les différents besoins de temps et de lieux.
Cela reste un chapitre de l’ecclésiologie qui doit être davantage exploré et complété. Une telle réflection théologique, par contre, ne peut pas supplanter le témoignage vivant des catholiques du Moyen-Orient envers les frères orthodoxes et musulmans à propos de la façon dont la doctrine se développe dans la Tradition apostolique vivante , conduite par le don du Christ de l’Esprit Saint au Magistère de l’Église de tous temps.
Ce Magistère inclut nécessairement le rôle du Pape comme tête du collège apostolique des Evêques, avec le mandat du Christ de confirmer ses frères dans l’unité de la foi (cf Lc 22, 32) afin que “tous soient un” (Jn 17, 21)