constitue certainement un don de l’Esprit Consolateur pour toutes nos communautés en Érythrée.
La présence d’une Église africaine comme la nôtre, éthiopienne et érythréenne, dans le contexte d’un Synode sur “l’Église catholique au Moyen-Orient” a une multitude de significations. Géographiquement, nous constituons un point de raccord entre l’Afrique et l’Asie et pour cette raison, notre région a été, au cours des millénaires, le lieu de rencontres fécondes entre groupes humains, cultures et religions entre les deux rives de la Mer Rouge.
La composante culturelle sémitique venue se conjuguer avec les cultures nilotique, saharienne et couchitique préexistantes déjà à une époque pré-chrétienne et dans l’antiquité chrétienne, a constitué le terrain sur lequel s’est greffée la prédication de l’Évangile et l’ensemble des traditions judéo-chrétiennes qui font partie du modèle de Christianisme qui s’est développé sur notre territoire.
Il ne s’est pas traité d’une simple transposition de modèles culturels, mais d’une véritable inculturation symbiotique qui a permis au Christianisme, ainsi que l’a reconnu en 1994 le Synode des Évêques pour l’Afrique, de s’enraciner dans la mens et dans l’humus culturel de notre peuple.
Les traditions liturgiques, spirituelles, monastiques et littéraires mises en commun à l’origine par les Églises copte et syriaque sont une partie constitutive de cette symbiose, sachant que les traditions en question se sont développées ensuite “en propre” au long des nombreux siècles d’isolement de notre pays après le déclin du royaume d’Aksum, et qu’elles ont porté des fruits féconds dans la vie interne des communautés chrétiennes et dans la diffusion de l’Évangile.
Nous sommes convaincus qu’aujourd’hui encore notre région peut et doit continuer à jouer son rôle de “pont” entre l’Afrique et le Moyen-Orient dans le cadre d’un échange de valeurs spirituelles et culturelles enrichissant, d’expériences et de rencontres, comme cela est justement en train de se vérifier dans ce Synode.
Ceci pourrait être facilité, entre autre, par l’institution de structures culturelles et de modalités formelles et informelles d’études, de rencontre et de réflexion, à réaliser si possible avec la médiation de la Congrégation pour les Églises orientales.
De manière à pouvoir proposer à nouveau, ensemble, un témoignage efficace d’“unité des coeurs et des âmes” face aux menaces du manque de paix et aux diverses forces de désagrégation qui menacent nos continents.
La possibilité de faire des deux régions de la Mer Rouge un laboratoire de paix, de dialogue interculturel et interreligieux, se joue en effet sur la capacité de nos communautés chrétiennes à mettre, à la base de la diplomatie formelle, cette diplomatie de l’esprit et du coeur qui est, avant tout, don de l’Esprit de Jésus Christ, Esprit de paix et d’amour.