Inquiétudes croissantes pour les militants démocrates emprisonnés Reporters sans frontières et le Comité de Damas en France ont tenu une conférence de presse, le 19 février
2008, à Paris, au siège de l’organisation, suite à une vague d’interpellations qui a pris pour cibles douze militants démocrates, dont trois journalistes. Mohammed Abdallah, fils du journaliste incarcéré Ali Abdallah, est intervenu en direct depuis Beyrouth pour témoigner des moments difficiles que vivait sa famille. L’écrivain syrien Farouk Mardam-Bey a dénoncé la loi de l’état de siège qui prévaut en Syrie depuis 1962.
“Nous sommes très inquiets pour ces journalistes et défenseurs des droits de l’homme détenus dans des conditions très dures et dont certains ont besoin de soins. La situation de la liberté de la presse en Syrie ne s’améliore pas malgré l’apparition de nouveaux médias. Le régime contrôle toujours les journalistes d’une main de fer. La Toile est plus que jamais verrouillée avec la fermeture en 2007 de nombreux sites Internet et l’adoption d’une loi obligeant les gérants de cybercafés à enregistrer tous les commentaires publiés par leurs clients sur des forums de discussion”, a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières.
Mohammed Abdallah est intervenu en vidéoconférence depuis Beyrouth où il séjourne actuellement. Son père, le journaliste Ali Abdallah, a été maltraité en prison. “Ses avocats ont pu constater, lorsque mon père a été présenté au juge, de nombreuses marques de coups et blessures sur son corps et son visage. Ma mère est à présent autorisée à lui rendre visite une fois par semaine. En revanche ses avocats n’ont toujours pas le droit de le voir en prison. Les charges retenues contre lui sont les mêmes que pour tous les défenseurs des droits de l’homme retenus en Syrie”, a-t-il affirmé à l’assistance. Mohammed Abdallah a conclu sur la nécessité pour la communauté internationale de renouveler ses leviers de pression sur le régime syrien, indifférent aux critiques.
“Il s’agit de la troisième vague d’interpellations de défenseurs des droits de l’homme en Syrie depuis l’arrivée au pouvoir de Bachar el-Assad. La première, en 2001, avait ciblé de grandes figures du printemps de Damas. La seconde, en 2006, avait pour but de faire taire les principaux promoteurs de la déclaration Damas-Beyrouth, Beyrouth-Damas, dont le journaliste et écrivain Michel Kilo et l’avocat Anouar Al-Bounni. Nous venons d’assister à la troisième vague d’interpellations à l’issue de laquelle douze activistes ont été inculpés de crimes et délits imaginaires”, a noté pour sa part l’écrivain syrien Farouk Mardam-Bey.
Douze militants démocrates ont été arrêtés depuis le 11 décembre 2007. Ils avaient tous participé au début du même mois à une réunion du Conseil national de la Déclaration de Damas. Les signataires de ce texte appelant à des réformes démocratiques ont été inculpés, le 28 janvier 2008, d’"atteinte au prestige de l’Etat", de "publication de fausses informations", "d’appartenance à une organisation secrète visant à déstabiliser l’Etat" et "d’attiser les tensions ethniques et raciales". La date du début de leur procès n’a pas été fixée.
Reporters sans frontières 19/2/2008