Les otages seraient au nombre de cinq (et non pas 12), a indiqué ce mardi 3 décembre, Mgr Audo au micro de Radio Vatican.
Les rebelles syriens sont entrés dans le monastère orthodoxe Sainte-Thècle (Mar Takla) de Maaloula et ils ont emmené de force un groupe de religieuses.
Maaloula est un village chrétien, dans la montagne, à 55 km au nord-est de Damas. La population parle encore la langue de Jésus, l’araméen. Un tiers de la population est musulmane sunnite. Le monastère abritait 40 sœurs et des orphelins.
Le nonce apostolique, Mgr Mario Zenari a déclaré le 2 décembre qu’il s’agissait de « religieuses syriennes et libanaises » et qu’il semble que « les rebelles djihadistes les aient emmenées dans le nord, vers Yabroud ». Il ajoute que « l’on ne connaît pas encore les motifs de cette action : comme otages ou pour s’emparer du monastère et contrôler tout le village ».
Malgré le danger, dit-il, les soeurs avaient choisi « de rester et de témoigner ». Mgr Zenari, espère qu’elles soient bien traitées et en lieu sûr : « c’est notre souhait et notre prière ».
« C’est très inquiétant ce qui se passe actuellement », déclare Mgr Zenari, préoccupé pour toute la population syrienne, notamment les chrétiens, après de nombreuses attaques: il n’est pas rare que des rebelles entrent dans un village et contraignent les chrétiens à fuir. Les églises sont souvent profanées, les objets religieux détruits, résume Radio Vatican.
Mgr Antoine Audo, évêque d’Alep des Chaldéens et président de Caritas Syrie précise, toujours à Radio Vatican, ce 3 décembre, qu’il s’agit de la supérieure des sœurs et de quatre religieuses. Il confirme qu’elles ont été emmenées en otage à Yabroud, mais qu’aucune nouvelle n’est parvenue depuis. « J’espère que les sœurs soient libérées rapidement », ajoute Mgr Audo.
Il souligne que Maaloula est un « symbole important non seulement pour les chrétiens mais aussi pour les musulmans de Syrie et du Moyen-Orient parce qu’ils savent qu’on y parle encore aujourd’hui la langue du Christ, un dialecte araméen, c’est pourquoi les gens sont frappés par cet événement ».
L’évêque précise que les religieuses appartiennent à un « monastère orthodoxe traditionnel » c’est-à-dire où l’on « pratique beaucoup la miséricorde », d'où l'accueil des orphelins. Le pèlerinage, ajoute-t-il, « est très fameux » : « En Syrie, tout le monde va en pèlerinage à Maaloula et Saidnaya. Surtout pour la fête de la Croix, le 14 septembre, sur la montagne de Maaloula »
Pour ce qui est des raisons de l’enlèvement, il est dû « à la guerre » : « Nous, en tant que chrétiens, comme Eglise en Syrie, nous ne voulons pas que ce soit une guerre contre les chrétiens, parce que nous voulons être une présence de réconciliation et de cohabitation. Voilà notre vocation. Nous ne voulons pas de provocation avec les musulmans ».
Pourtant, les chrétiens se sentent « menacés » désormais parce que attaquer Maaloula c'est « toucher à un lieu saint de la chrétienté » et « personne, jusqu’à aujourd’hui, depuis des siècles, n’a jamais fait une chose semblable à Maaloula, un lieu chrétien, saint pas seulement pour les chrétiens, mais aussi pour tous les autres ».
Les rebelles ont conquis le village, après cinq jours de combats, dans la nuit de dimanche à lundi, à l’aide d’explosifs notamment. Ce seraient des djihadistes du Front al-Nusra lié à Al-Qaïda. Un premier assaut, le 9 septembre dernier, avait été repoussé par l’armée syrienne qui avait repris le contrôle du village.
Le patriarche melkite, catholique, Gregorios III Laham est lui aussi inquiet après la prise de Maaloula. Lors de la rencontre, samedi, 30 novembre, au Vatican, avec le pape François, il avait déclaré: « Nous sommes décidés à rester sur cette terre bénie même au prix du martyre et du martyre par le sang. C’est ce qui est déjà arrivé à certains de nos fidèles, comme les trois hommes de Maaloula, Michael Taalab, Antonios Taalab et Sarkis Zakhem : ce sont des vrais martyrs qui ont été tués après avoir refusé de renier leur foi » (cf. Zenit de ce 3 décembre pour le texte intégral).
Radio Vatican fait état de 9 millions de déplacés parmi la population syrienne, dont plus de 1, 2 million au Liban, dont 42 000 chrétiens. Les chrétiens seraient – toutes confessions confondues – 450 000 à avoir choisi de partir à l’étranger. Plus de 1200 auraient perdu la vie et 60 églises auraient été endommagées.
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