L’appréhension insoutenable pour leur enlèvement, et la difficulté réelle à communiquer avec des sources multiples pour vérifier les nouvelles. Cela nous a fait espérer que les mirages réussissent à désaltérer notre soif d’une issue positive.
Au moment où la nouvelle a été publiée par L’Oeuvre d’Orient, l’édition en arabe de Zenit était en train d’interviewer un prêtre syrien d’Alep (cf. Le journal d’un curé d’Alep). En quelques instants, nous avons reçu différents communiqués et des confirmations de la libération venues de Syrie
site “Russia Alyawm” avait diffusé aussi des détails fournis par des sources locales qui affirmaient que “des autorités politiques et religieuses » étaient intervenues à ce sujet et qu’elles avaient fait pression pour « la libération des deux évêques », et qu’après des « tractations difficiles », on était arrivé « à un accord sur leur libération ».
Mais mardi 23 avril, vers 23h20, Zenit a réussi finalement à se mettre en contact avec une source qui collabore étroitement avec le métropolite orthodoxe d’Alep, Mgr Boulos el-Yazgi. Cette source a démenti la nouvelle de la libération et a déclaré: « Il y a eu une grande confusion dans la diffusion de nouvelles contradictoires […] parce qu’ici [à Alep] les communications sont souvent interrompues. »
« Nous avons tenu à vous dire la vérité sur la libération non advenue afin que le cas des deux évêques enlevés ne soit pas archivé de façon prématurée », a-t-il ajouté.
A la question sur le statu quo des tractations, cette source a rappelé: “Absolument aucune nouveauté. Les deux évêques n’ont pas été libérés et nous n’avons pas de nouvelles précises sur le lieu où ils se trouvent. »
Communiqué conjoints des deux patriarches
Pour leur part, Mar Ignatius Zakka Ier et le patriarche syro-orthodoxe d’Antioche et de tout l’Orient, Mar Yuhanna Yazgi X, ont public un communiqué officiel conjoint qui explique les circonstances de l’enlèvement de lundi.
Les deux évêques, Mgr Gregorios Yuhanna Ibrahim et Mgr Boulos el-Yazgi se trouvaient “sur le chemin du retour à Alep par une mission humanitaire”. Les deux métropolites étaient probablement engagés dans les tractations pour la libération du père Michel Kayal, un jeune prêtre arménien, et du père Maher Mahfouz, prêtre orthodoxe, enlevés le 9 février 2013.
Les deux patriarches répètent que les chrétiens de Syrie « sont une composante essentielle du tissu des deux peuples qui puis appartiennent : ils souffrent avec chaque souffrant ».
Ils lancent un appel aux ravisseurs pour « respecter la vie de ces deux frères enlevés », et ils invitent à « se garder de tout acte qui sèment la division religieuse et confessionnelle parmi les fils d’une même nation ».
Les patriarches expriment leur compréhension pour la « préoccupation qui appesantit les âmes des chrétiens du fait d’un tel événement », et il les invitent à la patiences et à la confiance en Dieu, en rappelant que « la défense de notre terre se fasse en premier lieu par la persévérance en elle, et par le travail pour en faire une terre d’amour et de coexistence pacifique ».
Ils n’oublient pas d’adresser un nouvel appel au monde entier pour que l’on s’emploie à « mettre fin au drame qui se déroule dans la bien-aimée Syrie ».
Les patriarches Zakka et Yazgi invitent aussi leurs compatriotes musulmans à collaborer avec eux et à refuser d’utiliser des êtres humains comme des objets « soit comme des boucliers humains dans les combats, soit comme une monnaie d’échange économique ou politique ».
Notre espérance est encore vêtue de haillons…, mais, comme le disait encore sur Facebook Mgr Gregorios Yohanna Ibrahim le 19 avril dernier: “L’espérance… est une petite fenêtre, mais en dépit de sa petitesse, elle ouvre des horizons immenses sur la vie”.