Reporters sans frontières dénonce les accusations portées à l’encontre du cyberdissident Habib Saleh, inculpé de “propagation d’informations mensongères visant à affaiblir le sentiment national”, d’“avoir provoqué des dissensions afin de susciter des conflits confessionnels” et d’“avoir porté atteinte au président de la République”, l’exposant à une peine allant de 2 à 15 ans de prison. La date de son procès en appel n’est pas encore fixée.
“Il s’agit de la troisième fois en sept ans qu’Habib Saleh est jugé en raison de ses articles. Pourtant, il ne fait qu’appeler à la réforme du gouvernement, à la démocratie et à la liberté d’opinion. Les accusations extravagantes retenues contre lui montrent à quel point le gouvernement ne supporte pas la critique. Le caractère disproportionné des attaques est surtout révélateur de l’injustice dont il est victime”, a déclaré Reporters sans frontières.
Habib Saleh est inculpé en vertu des articles 285 à 297 du code pénal selon lesquels il risque de 3 à 15 ans de prison. Il est inculpé en vertu des articles 374 et 377 selon lesquels il risque jusqu’à deux ans de prison.
Arrêté le 6 mai sans explication dans un souk à Tartous (nord-ouest du pays), Habib Saleh avait déjà été entendu, le 4 août, par un juge d’instruction à Damas pour “affaiblissement du sentiment national“ et “incitation à la la guerre civile et confessionnelle“ en vertu des articles 285 et 289 du code pénal. Il avait confirmé être l’auteur des articles incriminés.
Habib Saleh, 61 ans, est un collaborateur régulier du site Internet Elaph.com (http://www.elaph.com), censuré en Syrie en raison de son traitement de l’information. En 2002, il avait été condamné à trois ans de prison lors du “Printemps de Damas“. Il avait été libéré le 9 septembre 2004. Le 15 août 2006, il avait à nouveau été condamné à trois ans de prison en vertu de l’article 286 du code pénal pour “publication de fausses informations“. Il avait été libéré le 12 septembre 2007.
La Syrie est le pays du monde arabe le plus répressif envers les individus qui publient des informations sur Internet. Reporters sans frontières rappelle que la Constitution syrienne garantit pourtant "le droit d’exprimer librement ses opinions par la parole, l’écriture ou quelque autre moyen que ce soit" et appelle à la libération de Habib Saleh ainsi que des trois autres cyberdissidents détenus : Firas Saad, Tariq Biassi et Kareem Arabji.
RSF 17.10.2008