Mar Gregorios Yohanna Ibrahim déclare en effet : « La situation ici se fait toujours plus terrible. Nous ne pouvons pas résister pendant des mois dans ces conditions. Nous, chefs des Eglises chrétiennes locales, pouvons faire peu de chose. Les responsables musulmans eux-mêmes semblent divisés. Dès lors, vue également l'absence des puissances occidentales, le Saint-Siège lui-même ou d'autres réalités telle que la Communauté de San Egidio, pourraient essayer de mettre sur le tapis des propositions opérationnelles afin de rechercher une porte de sortie au conflit sur la base d'un agenda défini qui rende concrets les appels lancés par Benoît XVI lors de son voyage au Liban. Ces paroles de Sa Sainteté étaient vraiment importantes et ici, chez nous, tous les ont appréciées, chrétiens et musulmans ».
C'est ainsi que s'exprime, dans un entretien accordé à Fides, Mar Gregorios Yohanna Ibrahim, métropolite syro-orthodoxe d'Alep, qui demande des initiatives diplomatiques concrètes, s'inspirant des appels d u pape, afin de tenter de mettre fin au supplice du peuple syrien, précise Fides.
Dans la « ville martyre d'Alep », le métropolite syro-orthodoxe expose la situation : « la dernière semaine a été la plus dangereuse de toutes. Ils détruisent tout, tuent de nombreuses personnes. Nous entendons des explosions toute la journée. Maintenant, notre quartier de Suleymania, où vivent de nombreux chrétiens, est devenu le plus dangereux. Nous sommes proches des quartiers où se sont installés les membres de la Free Syrian Army. Le gouvernement bombarde avec les avions. Nous ne pouvons actuellement pas ouvrir les écoles, accueillir les gens dans les églises. Chaque jour, il y a des morts. Des obsèques sont célébrées dans toutes les églises chrétiennes. Hier, moi aussi j'ai célébré le rite funéraire d'un soldat syro-orthodoxe tué à Sweida ».
Les chrétiens sont impliqués dans la spirale du conflit de différentes manières, confie-t-il à Fides : « Au début – note le métropolite syro-orthodoxe – les responsables des différentes communautés faisaient des déclarations qui semblaient préoccupées face à la montée en puissance de la révolte. Désormais, la situation a changé. Tous sont devenus plus silencieux. Ils attendent de voir où nous portera ce qui se passe actuellement et s'interrogent avec anxiété sur l'avenir ».
Mar Gregorios répète que « tuer ses propres frères est une chose scélérate, une honte aux yeux de toute l'humanité ». Selon lui, il y a des chrétiens « tant parmi les opposants que parmi les partisans du régime parce qu'il n'existe pas d'accord unanime. Mais on ne peut pas dire que les chrétiens en tant que tels aient pris les armes. Ceux qui choisissent ce chemin, d'un côté ou de l'autre, le font à titre individuel. Pour tous les autres, la perspective qui s'ouvre est celle de la fuite. Des centaines de familles l'ont déjà fait et les autres sont en train d'y penser. Le même scénario qu'en Irak semble se répéter ici en Syrie ».
Mar Gregorios Yohanna Ibrahim est l’évêque d'une Eglise orientale devenue désormais une Eglise de la diaspora. La majeure partie des chrétiens syro-orthodoxes vit en effet depuis longtemps en Europe et en Amérique. « Moi – confie-t-il à Fides – je reste ici. Je ne peux pas quitter Alep, je dois rester avec mon peuple ».
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