Reporters sans frontières dénonce l’agression, dans la soirée du 5 janvier 2008, de Saeed Kubenea et Ndimara Tegambwage, respectivement directeur et rédacteur en chef de l’hebdomadaire Mwanahalisi, par un groupe de voyous non identifiés qui les ont aspergés d’acide dans leurs bureaux de Kinondoni, dans la banlieue de Dar es Salaam.
"Cette attaque barbare est inquiétante dans un pays qui n’a pas pour habitude de faire taire ses journalistes en les agressant. Nous prenons acte qu’une enquête a bien été ouverte pour en démasquer les auteurs, et nous appelons les autorités tanzaniennes à faire tout leur possible pour que justice soit rendue et que les coupables soient punis à hauteur de leur forfait", a déclaré l’organisation.
Le 5 janvier vers 21 heures, un groupe d’individus non identifiés, armés de machettes et de bouteilles d’acide, a pénétré dans la salle de rédaction de Mwanahalisi à Kinondoni, pour s’en prendre aux deux journalistes. Ils leur ont ordonné de s’allonger sur le sol, et les ont sévèrement battus. Ndimara Tegambwage a reçu plusieurs coups de machette à la tête et Saeed Kubenea a eu le visage aspergé d’acide. "Ils nous sont tombés dessus avec des barres de fer", a raconté Saeed Kubenea de son lit d’hôpital. "Ils m’ont frappé à la tête et m’ont jeté un liquide brûlant sur le visage. Mon collègue, qui essayait de les repousser, a aussi été frappé et aspergé avant que nos assaillants ne dérobent son téléphone portable". Les deux journalistes ont été transportés au Muhimbili National Hospital le lendemain.
Il semblerait que cette attaque ait été planifiée à l’avance, des témoins oculaires ayant rapporté qu’ils avaient aperçu, plus tôt dans la soirée, des individus suspects rôdant autour des bureaux de Mwanahalisi. En outre, Saeed Kubenea a rapporté qu’avec cette agression, culmine une campagne de menaces à son encontre, débutée mi-2007. Sa voiture a été récemment incendiée par des inconnus et il reçoit régulièrement des menaces téléphoniques en réponse à ses articles dans l’hebdomadaire. "J’ai été prévenu que je devais arrêter de me mêler des affaires des gens, ou l’on me tuerait", a-t-il raconté.
Jamal Rwambow, commissaire de police, a confirmé qu’une enquête était en cours. Selon lui, l’incident serait en rapport avec les actions d’un groupe d’individus cherchant à faire taire ces journalistes qui avaient contribué à la révélation de scandales.
Reporters sans frontieres- 7/1/2008