Reporters sans frontières a appris avec un grand soulagement l’acquittement, le 6 novembre 2007, de Tatiana Mukakibibi, ancienne journaliste de la station publique Radio Rwanda, par un tribunal gacaca de Ruhango (Sud), après onze ans de détention préventive. La journaliste, âgée de 42 ans, a regagné son
domicile le 10 novembre. "Après onze années de prison pour rien, nous faisons le vœu que la journaliste puisse désormais reprendre une vie normale, en compagnie de sa fille, désormais adolescente. Cette douloureuse affaire doit être considérée comme close, maintenant que Tatiana Mukakibibi a été reconnue innocente des crimes dont on l’accusait", a déclaré l’organisation. Le 6 novembre 2007, après trois heures de délibération, la juridiction gacaca du secteur de Kimegeri, district de Ruhango, province du Sud, a acquité Tatiana Mukakibibi, ancienne journaliste de Radio Rwanda, des chefs d’inculpation de "génocide", "planification et participation au génocide" et "distribution d’armes" dans le secteur de Kimegeri, entre avril et juillet 1994. De nombreux témoins de la défense ont expliqué aux juges que la journaliste ne se trouvait pas sur les lieux lorsque la garde présidentielle avait distribué des armes ayant servi aux génocidaires. Ils l’ont exonérée de toute participation à des actes criminels, notamment de l’assassinat d’Eugène Bwanamudogo, qui réalisait des émissions pour le ministère de l’Agriculture. Tatiana Mukakibibi était animatrice et productrice de programmes à Radio Rwanda. Après le génocide, en août 1994, elle avait travaillé avec l’abbé André Sibomana (ancien directeur de Kinyamateka et lauréat 1994 du prix Reporters sans frontières – Fondation de France, décédé en mars 1998). Le 2 octobre 1996, elle avait été interpellée et aussitôt conduite au cachot communal, où elle a été détenue jusqu’en décembre 2006 dans des conditions très pénibles. Officiellement accusée d’avoir tué Eugène Bwanamudogo, la journaliste niait les faits et affirmait qu’il s’agissait d’un coup monté. Il y a plus de 16 ans, Reporters sans frontières mettait en place le "parrainage" et appelait les médias internationaux à soutenir un journaliste emprisonné. Plus de 200 rédactions dans le monde soutiennent ainsi un confrère en demandant régulièrement sa libération aux autorités concernées et en médiatisant sa situation pour que son cas ne tombe pas dans l’oubli. Tatiana Mukakibibi est ainsi soutenue par : Amina, Les Clés de l’Actualité, Fun Radio (Belgique), Flair, Claire Gibault (députée – Parlement européen), L’itinéraire, Elle Québec, Chérie FM.
Reporters sans frontières 13/11/07