Le patriarche s’est particulièrement soucié de « répondre à un besoin précis du monde contemporain arabe », soulignant la « tâche urgente » de l’Eglise du Moyen-Orient : passer d’une « pastorale de l’information » à une « stratégie de communication ».
« L’Eglise veut et doit en profiter » des nouvelles technologies de l’information, telle est l’affirmation du patriarche, qui soulève la nécessité d’une formation « en communication » mais aussi « en théologie et pastorale », sans dissocier l’une de l’autre.
Les médias et le Moyen-Orient
Aujourd'hui, constate-t-il, au Moyen-Orient, « la communication a profondément transformé notre société » : les médias étant leaders d'opinion, sont qualifiés de « quatrième pouvoir ». D’ailleurs, souligne-t-il, les « révolutions arabes » ont utilisé l’outil médiatique et les réseaux sociaux.
Par conséquent, « on ne peut pas échapper à la communication ». Même la vie des fidèles, poursuit-il, est dominée par la communication : les nouvelles technologies de la communication, la radio, la télévision, les films.
D’où une « mission » pour l’Eglise : non seulement cette « nouvelle culture » des moyens de communication doit être « évangélisée » mais en outre, les médias sont un « véhicule extraordinaire » de transmission de la foi car ils « augmentent le potentiel de transmission de la prédication » de l’Eglise.
Si cette mission exige « des sacrifices » comme celui de proclamer la vérité y compris « au risque de sa vie », le patriarche encourage à ne pas de « méfier à l’excès » de la communication : « ce serait suicidaire que l’Eglise soit absente dans le débat, au moment où l’on parle de mondialisation ».
Responsabilité particulière de la Terre Sainte
Contrairement aux autres pays du monde qui ne parlent qu’en leur nom, fait observer Mgr Fouad Twal, la Terre Sainte, « fait entendre la voix de l’Eglise sur la scène internationale », par l’expérience de sa multi-culturalité unique. C’est pourquoi elle ne doit plus « se contenter d’entretenir le petit troupeau qui reste » mais elle doit « dépasser les frontières ».
La Terre Sainte, poursuit-il, a un rôle de « témoignage » et d’« exemple » plus qu’ailleurs car c’est d’elle qu’est partie l’annonce originelle : « le Monde est tourné vers la Terre Sainte et attend d’elle un témoignage de paix. »
Il constate des « faiblesses » sur la communication de l’Eglise en et Terre Sainte, évoquant notamment un « retard » et une « dispersion ». Il invite donc à « unir les forces de communications » entre les diocèses.
La Terre Sainte a également des atouts : elle est, rappelle le patriarche, « une terre bénie dans tous les sens du terme, qui devrait porter en elle une « contagion bénéfique ». Il souligne en ce sens la « puissance » des pèlerinages comme « vecteur de communication ».
Par conséquent, l’Eglise de Terre Sainte doit « impérativement » se soucier de « la formation des guides » et de « l’accueil des pèlerins » : si par exemple les pèlerins assistent un dimanche à une messe paroissiale pour rencontrer les pierres vivantes de cette Eglise. Et quand ils repartent chez eux, qu’ils « communiquent au monde la Terre Sainte ».
Le patriarche estime par ailleurs qu’« Internet est approprié pour de nombreux programmes de nouvelle évangélisation » et que Jérusalem y a un rôle particulier : elle doit, affirme-t-il, « surfer sur les médias », pour rappeler que la nouvelle évangélisation « passe par un retour aux racines de la foi ».
Lier la formation technique et théologique
Nos Eglises, déclare-t-il, ont besoin « de personnes spécialisées et formées dans les domaines de la communication ». Mais la communication n’est pas seulement une « question de technique », fait-il observer, « on peut être à la pointe du progrès et avoir une communication déficiente » car « tout passe par la formation ».
Cependant, la communication, précise-t-il, n’est pas seulement « l’affaire de spécialistes laïcs ». Il faut former les prêtres et les religieux, « dès le séminaire », à bien communiquer pour « réaliser efficacement la mission de l’Église » en prenant en compte que « le Christ lui-même communiquait différemment lorsqu’il s’agissait de la Samaritaine ou des publicains ».
Le clergé ne doit pas pour autant oublier sa mission, avertit le patriarche : « plus que la main de l’opérateur de media, le prêtre dans l’impact avec le monde numérique, doit faire transparaître son cœur de consacré ». D’ailleurs, poursuit-il, « la réalité virtuelle ne remplace pas la présence réelle du Christ dans l'eucharistie », et « il n'y a pas de sacrements sur Internet ».
Quant aux laïcs, ajoute le patriarche, « l'Eglise serait mieux servie si les personnes accomplissant des fonctions et des rôles en son nom, recevaient une formation en communication » mais aussi « une formation doctrinale et spirituelle ».
Il existe déjà des cours et des programmes de la Communication et de l’Information, reconnaît-il, mais il faut aller plus loin : « la théologie devrait être sollicitée pour éclairer de sa réflexion les questions majeures de cette pastorale ». Il lance à ce sujet un appel à « s’engager sur un nouveau « chantier » théologique, celui de la réflexion chrétienne sur la communication et les médias ».
Il propose en ce sens un programme mêlant « des matières théologico-philosophiques », en complément d’autres comme « la rhétorique » ou « l’étude de l’opinion publique », ou encore « la communication audiovisuelle ».
Il s’agit non seulement, conclut-il, de « connaître les techniques appropriées de communication », mais encore « d’intégrer le message chrétien dans le monde contemporain », de le rendre également « compréhensible aux moyens de communication », et de « découvrir sa force comme fondation pour l’édification des cultures du XXIème siècle ».
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