Mais il fait observer que c'est uen grâce à demander, avant de rappeler une des blessures contre l'unité, les commérages: "L’unité est une grâce que nous devons demander au Seigneur pour qu’il nous libère des tentations de division, des luttes entre nous, de nos égoïsmes, de nos commérages. Les commérages font tant de mal, tant de mal ! Pas de commérages au sujet des autres, jamais !"
Le pape a donné cette catéchèse lors de l'audience générale de ce mercredi matin, 19 juin, place Saint-Pierre. Nous publions notre traduction de l'italien, puis la synthèse lue en français, et la salutation aux francophones.
Catéchèse du pape François en italien
Chers frères et sœurs, bonjour !
Aujourd’hui, je m’arrête sur une autre expression par laquelle le concile Vatican II indique la nature de l’Église, celle du corps ; le concile dit que l’Église est le Corps du Christ (cf. Lumen gentium, 7).
Je voudrais partir d’un texte des Actes des apôtres que nous connaissons bien : la conversion de Saul, qui s’appellera ensuite Paul, l’un des plus grands évangélisateurs (cf. Ac 9,4-5). Saul est un persécuteur des chrétiens, mais alors qu’il parcourt la route qui conduit à la ville de Damas, soudain une lumière l’enveloppe, il tombe par terre et entend une voix qui lui dit : « Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? ». Il demande : « Qui es-tu, Seigneur ? » et la voix répond : « Je suis Jésus que tu persécutes » (v.3-5).
Cette expérience de Saint Paul nous dit combien est profonde l’union entre nous, chrétiens, et le Christ. Quand Jésus est monté au ciel, il ne nous a pas laissés orphelins, mais par le don de l’Esprit-Saint notre union avec lui est devenue encore plus intense. Le concile Vatican II affirme que Jésus, « en communiquant son Esprit à ses frères, qu’il rassemblait de toutes les nations, il les a constitués, mystiquement, comme son corps » (Const. dogm. Lumen gentium, 7).
L’image du corps nous aide à comprendre ce lien profond entre l’Église et le Christ, que saint Paul a particulièrement développé dans la Première lettre aux Corinthiens (cf.ch. 12). Le corps nous rappelle avant tout une réalité vivante. L’Église n’est pas une association de bienfaisance, culturelle ou politique, mais c’est un corps vivant, qui chemine et agit dans l’histoire. Et ce corps a une tête, Jésus, qui le guide, le nourrit et le soutient. C’est un point que je voudrais souligner : si l’on sépare la tête du reste du corps, la personne tout entière ne peut pas survivre. Il en est ainsi dans l’Église : nous devons rester toujours plus intensément liés à Jésus. Mais plus encore : de même qu’il est important que la sève vitale passe dans le corps pour qu’il vive, ainsi nous devons permettre à Jésus d’agir en nous, laisser sa Parole nous guider et sa présence eucharistique nous nourrir et nous animer, permettre que son amour nous donne la force d’aimer notre prochain. Et cela, toujours ! Toujours, toujours ! Chers frères et sœurs, restons unis à Jésus, faisons-lui confiance, orientons notre vie selon son Évangile, nourrissons notre vie par la prière quotidienne, l’écoute de la Parole et la participation aux sacrements.
Et j’en viens à un second aspect de l’Église comme Corps du Christ. Saint Paul affirme que, de même que les membres du corps humain, bien que divers et nombreux, forment un seul corps, ainsi nous tous, nous sommes baptisés dans un seul Esprit en un seul corps (cf. 1 Cor 12,12-13). Dans l’Église, il y a donc une variété, une diversité de tâches et de fonctions ; ce n’est pas une plate uniformité, mais la richesse des dons que l’Esprit-Saint distribue.
Mais il y a la communion et l’unité : tous sont en relation les uns avec les autres et tous concourent à former un unique corps vital profondément lié au Christ. Souvenons-nous en bien : faire partie de l’Église veut dire être unis au Christ et recevoir de lui la vie divine qui nous fait vivre comme chrétiens ; cela veut dire rester unis au pape et aux évêques qui sont des instruments de l’unité et de la communion ; cela veut dire aussi apprendre à dépasser les personnalismes et les divisions, à se comprendre mieux, à harmoniser les variétés et les richesses de chacun ; en un mot, cela veut dire aimer davantage Dieu et les personnes qui sont à côté de nous, en famille, en paroisse, dans les associations.
Le corps et les membres doivent être unis ! L’unité est supérieure aux conflits. Lorsqu’ils ne sont pas bien résolus, les conflits nous divisent, nous séparent de Dieu. Le conflit peut nous aider à grandir, mais il peut aussi nous diviser. N’allons pas sur la voie des divisions et des luttes entre nous ! Tous unis, tous unis avec nos différences, mais unis, toujours : voilà la voie de Jésus. L’unité est supérieure aux conflits. L’unité est une grâce que nous devons demander au Seigneur pour qu’il nous libère des tentations de division, des luttes entre nous, de nos égoïsmes, de nos commérages. Les commérages font tant de mal, tant de mal ! Pas de commérages au sujet des autres, jamais ! Les divisions entre chrétiens, l’esprit de parti, les intérêts mesquins font tant de mal à l’Église !
Les divisions entre nous, mais aussi les divisions entre communautés : chrétiens évangéliques, chrétiens orthodoxes, chrétiens catholiques, mais pourquoi sommes-nous divisés ? Nous devons chercher à apporter l’unité. Je vais vous raconter quelque chose : aujourd’hui, avant de sortir de chez moi, j’ai passé quarante minutes, plus ou moins, une demi-heure, avec un pasteur évangélique et nous avons prié ensemble et recherché l’unité. Mais nous devons prier entre nous, catholiques, et aussi avec les autres chrétiens, prier pour que le Seigneur nous donne l’unité, l’unité entre nous. Mais comment aurons-nous l’unité entre chrétiens si nous ne sommes pas capables de l’avoir entre catholiques ? de l’avoir dans nos familles ? Tant de familles se disputent et sont divisées. Cherchez l’unité, l’unité qui fait l’Église. L’unité vient de Jésus-Christ. Il nous envoie l’Esprit-Saint pour faire l’unité.
Chers frères et sœurs, demandons cela au Seigneur : Aide-nous à être des membres du Corps de l’Église toujours profondément unis au Christ ; aide-nous à ne pas faire souffrir le Corps de l’Église avec nos conflits, nos divisions, nos égoïsmes ; aide-nous à être des membres vivants liés les uns aux autres par une unique force, celle de l’amour, que l’Esprit-Saint répand dans nos cœurs (cf. Rm 5,5). Merci.
Traduction de Zenit, Hélène Ginabat
Catéchèse du pape François en français
Chers frères et sœurs, l’Eglise est le Corps du Christ. Cette image nous dit combien nous, les chrétiens, sommes unis au Christ lui-même, et combien nous devons le devenir de plus en plus.
Le Corps de l’Eglise est une réalité vivante qui reçoit toute son existence de sa tête, Jésus-Christ, de laquelle elle ne peut absolument pas être séparée sans mourir.
A travers ce Corps, la vie divine nous est communiquée par l’écoute de la Parole de Dieu, la réception des Sacrements, la prière quotidienne ; de la sorte, Jésus agit en nous, et nous permet d’aimer vraiment notre prochain.
De même que tous les membres d’un corps sont différents mais demeurent reliés ensemble, de même il y a dans l’Eglise diversité de fonctions et de dons ; mais ceux-ci concourent cependant à l’édification d’un unique Corps vivant, profondément uni au Christ.
Cette communion se réalise par l’union au Pape et aux Evêques qui en sont les instruments.
La communion est une grâce qui nous permet de nous comprendre et de dépasser les divisions, dans la richesse et la variété que chacun apporte.
Salutation du pape François aux francophones
Je salue cordialement les pèlerins francophones, particulièrement les nombreux jeunes présents, venus de Suisse et de France.
Chers frères et sœurs, devenons chaque jour plus unis à Jésus. Demandons cette grâce au Seigneur de ne plus faire souffrir le Corps de son Eglise par nos égoïsmes et nos divisions.
Que l’Esprit de communion soit toujours le plus fort !
zenit