« Les controverses médiatiques peuvent devenir une occasion de vrai dialogue et de vraie amitié. Comme l'a montré Benoît XVI et comme on commence à le voir dans les diocèses », a déclaré le professeur Marc Carroggio,
lors du sixième séminaire professionnel pour les bureaux de communication de l'Eglise, organisé à l'Université pontificale de la Sainte-Croix, à Rome, du 28 au 20 avril dernier.
« On peut dire que ‘le journalisme aime les conflits', qu'il aime les controverses. Sans une certaine dose de conflit, aucun talk show ou débat politique ne saurait résister aux heures de grande écoute télévisées », a expliqué le prof. Carroggio devant les quelques 300 participants au séminaire venus du monde entier.
Marc Carroggio est spécialisé dans les relations avec les médias et professeur à la faculté de communication institutionnelle de l'Eglise à l'Université de la Sainte-Croix.
« Il faut voir comment tirer profit de situations qui se révèlent, en apparence, négatives », a-t-il déclaré.
Les controverses, a-t-il souligné, « entraînent un bouleversement dans les énoncés, créent une tension dans les rapports et une attitude de refus face à toute proposition venant de l'interlocuteur ».
Marc Carroggio a ensuite analysé les similitudes et les différences entre les crises et les controverses.
« Les crises et les controverses ont des analogies, a-t-il expliqué. Elles ont en commun une négativité commune et sont publiques (elles s'expriment à travers les moyens de communication ; touchent un grand nombre de personnes qui ne sont pas des spécialistes de la question soulevée) ».
Alors que les crises « proviennent de faits d'une certaine importance qui peuvent comporter une perte de contrôle, comme une catastrophe naturelle, un accident, un cas de corruption, une banqueroute », « les controverses révèlent une discordance au niveau des idées, des valeurs ou des propositions ».
C'est dans les controverses que « l'on discute de ce qui est bien ou mal : euthanasie, expériences sur les animaux, politiques familiales, législations en matière de bioéthique. Dans les controverses entrent en conflit des questions de principe, plusieurs visions du monde », a expliqué le professeur catalan.
« La crise arrive de façon rapide et inattendue. La controverse, au contraire, est plutôt prévisible », a-t-il ajouté.
Et si la crise requiert une action immédiate et à brève échéance, qui puisse limiter la gravité de dégâts éventuels, « la controverse permet plus de contrôle et appelle à une action communicative de base à longue échéance ».
Le professeur Carroggio a conclu son intervention en citant l'exemple du pape qui, a-t-il dit, « sans le vouloir, s'est retrouvé très tôt au milieu de controverses locales, au moment de la présentation de sa thèse d'habilitation et alors qu'il enseignait à Tübingen. Globalement, avant comme cardinal et depuis qu'il est pape, il lui arrive de se retrouver, malgré lui, dans quelque embrouille ».
« Dans ces moments de controverse médiatique, le pape n'a jamais perdu sa sérénité. Il est resté fidèle à sa méthode : dialoguer avec intelligence, donner une approche positive de sa proposition, être clair dans ses messages, et garder une attitude toujours extrêmement aimable ».
« Le pape fait ce que l'on souhaiterait que tout bureau de communication fasse : essayer de transformer les controverses médiatiques en effort maïeutique, de dialogue et d'amitié ».
« Dans chaque controverse, le pape s'est fait des amis, relève le professeur Carroggio. Il y a à chaque fois, davantage d'intellectuels non chrétiens qui l'écoutent avec intérêt ».
« Le cas de Benoît XVI, a-t-il ajouté, est d'après moi un bon exemple de ce que nous avons cherché à dire au début : les controverses pertinentes, si elles sont bien gérées, ne sont rien d'autres que l'autre face du fait important ».
Le séminaire, durant ses trois jours de travaux, a soulevé d'autres cas de controverses comme la lutte contre le SIDA organisée par le Communauté de Sant'Egidio ou le développement du « réseau catholique de podcast arrivé en tête dans la classification des People's Choice Podcast Award ».
Ce séminaire réunissait des professionnels de la communication, des directeurs et responsables de bureau de presse de diocèses et de conférences épiscopales provenant de plus de 60 pays.
Miriam Díez i Bosch
ROME, Vendredi 2 mai 2008 (ZENIT.org) –