Le 11 décembre 2008, Reporters sans frontières a adressé un courrier au président turkmène Gourbangouly Berdymoukhammedov, l’exhortant à mettre en oeuvre “des réformes témoignant d’une réelle volonté politique de libéralisation”, et à rompre l’isolement du pays et de sa population, à trois jours des élections législatives prévues le 14 décembre.
Bien que des observateurs étrangers soient, pour la première fois, invités à observer le scrutin, les conditions sont loin d‘être réunies pour que des candidats ne dépendant pas du parti unique puissent s’y présenter, “ce qui illustre le caractère plus que limité des mesures adoptées“, a noté Reporters sans frontières dans sa lettre.
Selon les informations recueillies par l’organisation, la pression exercée sur certaines catégories de la population, notamment sur les journalistes indépendants, s’est même accrûe.
C’est pourquoi, Reporters sans frontières, qui s’est adressée à plusieurs reprises aux autorités turkmènes ces dernières années, a réitéré son appel pour que celles-ci s’engagent à :
libérer les prisonniers politiques et les journalistes emprisonnés (notamment Annakourban Amanklytchev et Sapardourdy Khadjiev),
supprimer la censure,
autoriser la création de médias privés,
autoriser les médias étrangers (notamment russes) à travailler au Turkménistan,
développer l’accès non surveillé à un Internet non censuré,
autoriser les organisations non gouvernementales à travailler dans le pays.
Le Turkménistan figure à la 171e place, sur 173 pays, dans le classement 2008 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières. Le pays figure également sur la liste des “Ennemis de l’Internet“. Aucun média indépendant n’y est autorisé. Les médias étrangers ne peuvent y travailler librement et la population est sous l’étroite surveillance des services de la sécurité nationale, notamment lorsqu’elle utilise Internet, récemment autorisé pour les particuliers.
En juin 2006, Ogoulsapar Mouradova, correspondante de Radio Free Europe/Radio Liberty et militante des droits de l’homme, ainsi que Sapardourdy Khadjiev et Annakourban Amanklytchev, ont été arrêtés pour avoir assisté une journaliste française réalisant un reportage sur le pays. Tous trois ont été condamnés à des peines de six et sept ans de prison. Le 12 septembre 2006, Reporters sans frontières a appris qu’Ogoulsapar Mouradova était décédée en prison à la suite des blessures et mauvais traitements qui lui avaient été infligés. Ses proches ignorent toujours tout des circonstances de sa mort et aucune enquête n’a été ouverte malgré les appels répétés de la communauté internationale.
RSF 11.12.2008