Le 30 juillet 2008, le tribunal correctionnel de la ville de Gerger (préfecture d’Adiyaman, Sud-Est de la Turquie) a ordonné la remise en liberté du journaliste Haci Bogatekin, directeur du bimensuel local Geger Firat, incarcéré depuis le 13 avril dernier.
Il reste accusé de "tenter d’influencer le bon déroulement d’un procès", d"insulte" et de "diffamation" envers le procureur Sadullah Ovacikli qui avait initié des poursuites contre lui après la parution, en janvier, d’un article dénonçant l’inaction des autorités face à l’influence croissante d’une communauté religieuse, il comparaîtra libre lors de la prochaine audience de son procès.
“La remise en liberté d’Haci Bogatekin est un soulagement et met un terme à une détention injustifiée au vu des accusations qui pesaient sur lui. Le journaliste n’est pas un criminel et sa détention s’apparentait plus à des représailles qu’à une décision de justice“, a déclaré Reporters sans frontières.
Dès l’ouverture de l’audience, le 30 juillet 2008, le nouveau juge présidant le tribunal, Abdullah Günakin, a décidé de mettre un terme à la détention préventive du journaliste. Les 30 mai et 30 juin derniers, le tribunal avait au contraire estimé que le journaliste devait rester en prison car il pouvait prendre la fuite, détériorer des preuves et exercer des pression sur des témoins, en l’occurrence des policiers.
Seul journal de Gerger (environ 4 000 habitants), le bimensuel de Haci Bogatekin, Gerger Firat, a un ton critique. Il s’est assigné comme mission de combattre le regain de vitalité dans la région des organisations islamistes et le "recul des valeurs républicaines". Haci Bogatekin a été poursuivi à 90 reprises, mais a été, dans la plupart des cas, acquitté. Le 4 janvier dernier, il avait fait paraître un éditorial intitulé "Feto et Apo". Il y affirmait que les mouvements religieux et les groupes kurdes rivalisaient pour réunir des soutiens. Le journaliste accusait également l’armée turque – perçue par la population comme le gardien de l’ordre laïc – d’abandonner les villes à l’influence des communautés religieuses. Quelques jours plus tard, il était convoqué par les autorités judicaires. Le 13 avril, il avait été placé en détention préventive.
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RSF 31.07.2008