C’est sur l’île d’Akdamar, dans le sud-est de la Turquie, qu’un millier d’Arméniens se sont rassemblés hier pour une messe, la première jamais célébrée depuis que les massacres et déportations de la Première Guerre mondiale les ont effacés de cette région.
Un millier d'Arméniens se sont rassemblés hier pour une messe dans une église historique du sud-est de la Turquie. Des bateaux ont fait la navette pour transporter les pèlerins, venus pour la plupart de Turquie, et certains d'Arménie, d'Europe et des États-Unis, jusqu'à l'île d'Akdamar (Akhtamar en arménien), sur le lac de Van, où se trouve l'église Sainte-Croix, un monument du Xe siècle. Cette église est un des très rares témoins dans la région de ce qui fut l'importante communauté arménienne de la Turquie ottomane, victime de massacres et de déportations entre 1915 et 1917, que l'Arménie considère comme un génocide, terme récusé par Ankara.
« Les mots me manquent pour dire ce que je ressens. J'étais là il y a deux ans pour la cérémonie de réouverture de l'église (après sa restauration). J'espérais qu'un jour, cette messe serait une chose possible », a déclaré, les larmes aux yeux, Anahit Micetchian, 47 ans, dont la famille avait échappé aux massacres. Mme Micetchian est venue d'Arménie en autocar avec une quarantaine de personnes, via la Géorgie, la frontière turco-arménienne étant fermée. Des haut-parleurs amplifiaient prières et cantiques à l'extérieur, durant la messe retransmise sur écran géant, de nombreux fidèles n'ayant pas trouvé place dans l'édifice.
Ankara a souhaité faire de cette messe, organisée à la demande de la petite communauté arménienne de Turquie, une occasion d'apaiser les tensions et de faire oublier un passé sanglant. Mais des voix en Arménie ont qualifié l'initiative d'exercice de relations publiques et appelé au boycottage. La polémique est née du fait que la Turquie n'a pas installé, à temps pour la cérémonie, une croix sur le toit de cette église, qui a aujourd'hui le statut de musée. Les responsables ont expliqué ce retard par des lenteurs administratives. La croix de deux mètres de haut a été placée sur un socle en bois, à l'entrée de l'église, dans l'attente de son érection sur le toit.
Le patriarcat d'Etchmiadzin, siège de l'Église apostolique arménienne, est revenu sur sa décision d'envoyer sur place deux représentants du fait de l'absence de la croix sur l'église. « C'est une église arménienne, et quand on s'approche en bateau, on s'attend à voir une croix au faîte de l'église », a estimé Ani Kirimlioglu, d'Istanbul. « En dépit de tout cela, le fait qu'il y ait un office religieux est très important (…) Cela apaiserait les relations entre la Turquie et l'Arménie », a-t-elle ajouté.
À Erevan, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées au mémorial des massacres de la Première Guerre mondiale pour protester contre cette messe, avec des banderoles proclamant : « Nous ne louons pas notre église, elle est à nous. » « Nous ne voulons pas souffrir en silence au moment où les autorités turques utilisent notre héritage culturel et historique pour une manipulation politique », a déclaré Hayk Demoian, directeur du musée du génocide arménien. La communauté arménienne de Turquie (environ 70 000 personnes) est aujourd'hui concentrée à Istanbul, où elle dispose de plusieurs églises.
La Turquie et l'Arménie ont signé l'an dernier des accords visant à établir des liens diplomatiques et rouvrir leurs frontières communes, fermées depuis plus de dix ans. Mais le processus s'est enlisé dans des accusations mutuelles, et l'Arménie a annoncé en avril qu'elle retirait ces textes de l'ordre du jour de son Parlement.
L'orient le jour
« Les mots me manquent pour dire ce que je ressens. J'étais là il y a deux ans pour la cérémonie de réouverture de l'église (après sa restauration). J'espérais qu'un jour, cette messe serait une chose possible », a déclaré, les larmes aux yeux, Anahit Micetchian, 47 ans, dont la famille avait échappé aux massacres. Mme Micetchian est venue d'Arménie en autocar avec une quarantaine de personnes, via la Géorgie, la frontière turco-arménienne étant fermée. Des haut-parleurs amplifiaient prières et cantiques à l'extérieur, durant la messe retransmise sur écran géant, de nombreux fidèles n'ayant pas trouvé place dans l'édifice.
Ankara a souhaité faire de cette messe, organisée à la demande de la petite communauté arménienne de Turquie, une occasion d'apaiser les tensions et de faire oublier un passé sanglant. Mais des voix en Arménie ont qualifié l'initiative d'exercice de relations publiques et appelé au boycottage. La polémique est née du fait que la Turquie n'a pas installé, à temps pour la cérémonie, une croix sur le toit de cette église, qui a aujourd'hui le statut de musée. Les responsables ont expliqué ce retard par des lenteurs administratives. La croix de deux mètres de haut a été placée sur un socle en bois, à l'entrée de l'église, dans l'attente de son érection sur le toit.
Le patriarcat d'Etchmiadzin, siège de l'Église apostolique arménienne, est revenu sur sa décision d'envoyer sur place deux représentants du fait de l'absence de la croix sur l'église. « C'est une église arménienne, et quand on s'approche en bateau, on s'attend à voir une croix au faîte de l'église », a estimé Ani Kirimlioglu, d'Istanbul. « En dépit de tout cela, le fait qu'il y ait un office religieux est très important (…) Cela apaiserait les relations entre la Turquie et l'Arménie », a-t-elle ajouté.
À Erevan, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées au mémorial des massacres de la Première Guerre mondiale pour protester contre cette messe, avec des banderoles proclamant : « Nous ne louons pas notre église, elle est à nous. » « Nous ne voulons pas souffrir en silence au moment où les autorités turques utilisent notre héritage culturel et historique pour une manipulation politique », a déclaré Hayk Demoian, directeur du musée du génocide arménien. La communauté arménienne de Turquie (environ 70 000 personnes) est aujourd'hui concentrée à Istanbul, où elle dispose de plusieurs églises.
La Turquie et l'Arménie ont signé l'an dernier des accords visant à établir des liens diplomatiques et rouvrir leurs frontières communes, fermées depuis plus de dix ans. Mais le processus s'est enlisé dans des accusations mutuelles, et l'Arménie a annoncé en avril qu'elle retirait ces textes de l'ordre du jour de son Parlement.
L'orient le jour