Les avocats de la famille de Hrant Dink ont fait état de leur déception à l’issue de la quatrième audience du procès des assassins présumés du journaliste, le 25 février 2008. Malgré leur insistance, la 14e chambre de la Cour d’assises d’Istanbul a rejeté la plupart de leurs demandes,
dont celle de joindre le procès qui se déroule à Istanbul à deux affaires en cours à Trabzon et Samsun (Nord-Est) dans lesquelles des membres des forces de l’ordre sont poursuivis pour “abus de fonction” et “détérioration de preuves”.
“Nous partageons la déception des avocats de la famille de Hrant Dink. Comme eux, nous croyons que le refus de rapprocher ces trois dossiers nuit à la bonne compréhension des motivations des assassins du journaliste. Et les liens entre les différents services des forces de l’ordre et leurs informateurs, de Trabzon à Istanbul, seront plus difficiles à prouver”, a déclaré Reporters sans frontières.
“Les autorités judiciaires turques ne mettent pas out en œuvre pour que tous les aspects de ce crime soient élucidés et ses responsables identifiés. Nous ne pouvons que le regretter et répéter que ce procès est essentiel pour la Turquie. Le pays doit faire la preuve de sa capacité à démontrer l’indépendance de sa justice”, a ajouté l’organisation.
Le 25 février 2008, le tribunal d’Istanbul a repoussé la demande des avocats de la famille Dink de lier deux procès en province à celui se déroulant à Istanbul. Deux gendarmes de Trabzon, Veysel Sahin et Okan Simsek, sont accusés de n’avoir pas pris les mesures nécessaires pour prévenir l’assassinat du journaliste, tandis qu’on reproche respectivement à deux policiers de Samsun, Metin Balta et Ibrahim Firat, d’avoir autorisé le tireur présumé, Ogün Samast, à sortir de sa cellule pour poser sur des photos et d’avoir distribué ces images aux médias.
La cour a également rejeté la requête des parties civiles visant à solliciter le gouverneur d’Istanbul pour connaître l’identité de deux agents de renseignement qui, en 2004, avaient mis en garde Hrant Dink en raison d’un article laissant entendre que Sabiha Gökçen, la fille spirituelle de Mustafa Kemal Atatürk, le fondateur de la République Turque, venait d’une famille arménienne.
Enfin, le tribunal a décidé de dispenser quatre accusés, dont Yasar Cihan et Halis Egemen du Büyük Birlik Partisi (“Parti de la Grande Unité”, ultranationaliste et islamiste), accusés d"appartenance à une organisation illégale" et passibles de 10 ans de prison, de participer aux prochaines audiences. Pour Fethiye Cetin, autre avocat des parties civiles, il est prématuré de les libérer de leur obligation d’assister à l’audience alors que tous les accusés – dont Coskun Igci, Irfan Özkan et Erbil Susaman – n’ont pas encore été entendus par le tribunal.
La prochaine audience est fixée au 28 avril prochain. La cour ayant décidé d’ignorer les observations de la médecine légale sur l’âge d’Ogün Samast au moment de l’assassinat, et de s’en tenir aux registres de la maternité, sa minorité est confirmée et le procès se poursuivra à huis clos.
Reporters sans frontieres- 29/02/2008