Reporters sans frontières condamne l’entêtement des autorités turques qui censurent les sites de partage de vidéos en ligne YouTube depuis trois mois et Dailymotion depuis deux jours.
“Les deux sites de partage vidéos les plus visités du pays sont maintenant inaccessibles. C’est une atteinte grave à la liberté d’expression et d’information. Nous demandons aux autorités de rétablir ces sites Internet et de n’en supprimer que les vidéos qui ont été condamnées par la justice“, a déclaré l’organisation
Le 5 mai 2008, la chambre 5 du tribunal correctionnel d’Ankara a ordonné la censure du site youtube.com au prétexte qu’ il n’avait pas obtenu de licence des autorités turques. Pour être rouvert, YouTube devait être représenté et domicilié fiscalement en Turquie avant le 23 juillet. Ces conditions n’ayant pas été remplies, le site demeure inaccessible. YouTube a cependant affirmé que les responsables du site avaient effectué les démarches nécessaires pour que la censure soit levée.
Le ministre turc des Transports, Binali Yildirim, a affirmé que le blocage de youtube.com venait du refus de coopération des responsables du site avec l’instance de régulation d’Internet, Internet Iletisim Baskanligi, une instance du Conseil de la Télécommunication fondée en novembre 2007.
“Les conditions imposées à YouTube sont abusives et montrent que les autorités veulent contrôler Internet et ceux qui le font. Avoir une représentation locale du site facilite les sanctions auxquelles s’adonne volontiers la justice turque. Cette attitude est inacceptable“, a souligné Reporters sans frontières.
L’instance en charge de la sécurité sur Internet (http://www.ihbarweb.org.tr/index.html) régule le Web en matière de pédophilie, produits stupéfiants, produits sanitaires dangereux, pornographie, prostitution, jeux de hasard, incitation au suicide et insulte à la mémoire d’Atatürk (Loi 5651).
Le 6 mars 2007, une mesure similaire avait été prise en raison de la publication sur YouTube d’une vidéo "insultant la mémoire d’Atatürk", fondateur de la République turque en 1923. Par ailleurs, deux sites Internet défendant la liberté d’expression ont été hackés le 24 juillet. Antenna-tr.org et Ortakpayda.org ont fait l’objet d’une attaque informatique revendiquée par des pirates se présentant comme membres d’une organisation ultra-nationaliste “Atabeyler“.
RSF 04.08.2008