C’est en ces termes que le prêtre américain, dans un entretien avec des représentants de l’association Aide à l’Eglise en Détresse (AED), a commenté la décision de certains chefs politiques – notamment le président de la Commission européenne, Jose Manuel Barroso – de boycotter le championnat européen de football, en cours dans l’ancienne république soviétique, par solidarité avec l’ancienne premier ministre ukrainienne Julia Timoshenko, actuellement en prison et souffrant de mauvais traitements.
« Il est important de manifester publiquement en faveur de celui qui a subi une injustice », a-t-il déclaré, invitant néanmoins à « éprouver la même indignation, si ce n’est plus » pour la Fédération russe, « où les limitations à la liberté religieuse et d’expression sont bien plus graves ».
« Et l’on ne parle pas jusqu’à présent de boycotter les Jeux Olympiques à Sochi », s’est-il exclamé.
Selon le recteur de la seule université catholique de l’ex URSS, en plus d’améliorer les structures, les championnats européens 2012 sont « une merveilleuse occasion pour tisser des relations humaines et nouer des amitiés, après des décennies, voire des siècles, d’isolement forcé ».
La situation politique actuelle de l’Ukraine est « tendue et imprévisible », a-t-il dit, et certains craignent que le pays ne se dirige vers « un autoritarisme sur le modèle russe ou une dictature comme en Biélorussie ».
Pour le prêtre américain, c’est la conséquence des évènements qui ont marqué le XXème siècle en Ukraine, où à cause des guerres et du totalitarisme, les habitants ont perdu plus de 17 millions de leurs compatriotes.
« Les citoyens sont traumatisés, et comme le peuple d’Israël, ils ont attendu 40 ans dans le désert, il leur faudra au moins deux générations pour passer de l’esclavage à la liberté », a-t-il expliqué ajoutant : « Le développement de traditions démocratiques c’est autre chose qu’un Nescafé à préparer : il n’existe pas de solutions instantanées ou pré confectionnées ».
Il revient à l’Eglise grecque-catholique et aux autres Eglises d’Ukraine, a estimé le P. Borys, d’aider leurs fidèles à acquérir une conscience morale et sociale : les ukrainiens doivent « mûrir autrement », a-t-il expliqué, « sans attendre de messie « orange » ou de tsar vêtu de bleu qui vienne sauver la nation. Le pays doit repartir de soi, de sa route et de son village ».
Selon le P. Borys, la corruption n’est pas circonscrite à une élite « cynique et avide », mais relève d’un phénomène diffus dans toute l’Ukraine, et doit être extirpée de la société toute entière.
Dans cette optique de changement, la contribution de l’Université catholique de Lviv a été déterminante. Inaugurée en 2002, celle-ci a très vite redressé le niveau de la qualité du système universitaire national. « Nous avons formé plus de 350 prêtres, a déclaré, très fier, le recteur, et nous avons remis des diplômes de théologie aux 400 premières étudiantes en plus de 1000 ans d’histoire catholique en Ukraine ».
« Mais tout cela aurait été impossible sans tous nos donateurs, à travers le monde », a-t-il ajouté reconnaissant. Parmi ses bienfaiteurs : l’AED qui, en 2011, a soutenu l’Eglise en Ukraine à hauteur de 5 millions d’euro.
A ce propos, la fondation pontificale, durant les dix dernières années, a financé, toujours à Lviv, la construction du Séminaire grec-catholique et du Centre d’Etudes supérieures en Théologie: le plus grand investissement de l’AED. L’AED a également participé à la publication de livres comme le Catéchisme de l’Eglise grecque-catholique en Ukraine, et au support à la formation, par exemple, des cours de théologie le soir pour les laïcs.
Dans le cadre des championnats d’Europe, dans les quatre villes d’Ukraine où l’on joue – Charkiv, Donetsk, Kiev et Lviv – en 2011 l’AED a lancé plus de 40 projets.
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