Un des pères synodaux, Mgr Filippo Santoro, archevêque de Tarente (Italie), en parle dans cet entretien accordé à Zenit.
Zenit – Excellence, vous avez eu plusieurs expériences comme évêque et missionnaire au Brésil. Selon vous, que conseiller aux baptisés pour redécouvrir une foi solide et joyeuse?
Mgr Filippo Santoro – Sûrement de revenir à la Parole. C’est un aspect dont on ne peut faire abstraction, un élément constitutif et qui est nourriture pour une vie de foi. S’approcher des sacrements avec plus de fréquence et se donner aux autres. Les Saintes Ecritures le disent : sans les oeuvres, la foi est vaine. Et puis aimer l’autre, que ce soit un collègue de bureau, sa femme, l’ami en difficulté, en apportant le témoignage d’une vie cohérente avec sa foi. Un bel exemple vaut plus que mille discours.
Pourquoi Benoît XVI a-t-il convoqué cette assemblée et, à la lumière des travaux menés jusqu’ici, que peut-elle apporter à l’Eglise?
Le synode est l’application concrète du chemin de communion de l’Eglise : les joies, les espérances, les questions et les problèmes sont présentés durant les assemblées extraordinaires, qui suit à chaque fois un fil conducteur diffèrent. Ce n’est pas un événement lointain, parce que nous pasteurs, dans nos réalités de référence, nous cherchons à répandre le message du synode. La « chance » de l’Eglise est celle d’être catholique, universelle. Au synode, on respire la mondialité de la famille de Jésus, il n’est pas difficile de comprendre que c’est une grande occasion durant laquelle les frères du monde entier entendent la voix les uns des autres à travers les pasteurs, donc les pères synodaux.
Comment la nouvelle évangélisation est-elle réalisable ? Et de quelle façon, après le synode, les pratiques de la pastorale ordinaire changeront-elles?
Il y a un message qui reste inchangé, même si le ciel et la terre passent : les paroles de l’Evangile ne changeront jamais, car le Christ est le même hier, aujourd’hui et toujours … l’Evangile nous enseigne toujours qu’il faut connaître les signes des temps, car l’Evangile doit être incarné dans le monde où il est annoncé. Il n’est pas « lettre morte » mais parole vivante! La nouvelle évangélisation nait toujours d’un regard plus vaste sur le monde, un regard de bien : ce n’est pas un monde qui ne mérite pas le salut.
La pratique pastorale ordinaire doit toujours être repensée à partir de cela. Il nous faut relever chaque défi et chaque exigence, en faire objet de discernement, mais sans improvisation. Y penser toujours en ayant une écoute commune de l’Eglise universelle, est une garantie de vérité et d’authenticité.
Que pensez-vous de la situation de l’usine Ilva à Tarente, entre les ouvriers et les menaces de fermeture ? (cf. Zenit du 29 juillet 2012)
Tarente est une ville qui m’a fait me sentir accueilli dès le premier jour de mon ministère. Mais cet accueil, si chaleureux, ne va pas avec la tendance à considérer son propre intérêt avant le bien commun. Tout le monde croit avoir la solution en poche, mais ce n’est pas comme ça. On ne saurait favoriser un droit par rapport à un autre car les dommages, dans l’un et l’autre cas, seraient incalculables.
Mon devoir jusqu’ici a été d’appeler les parties en cause à l’unité et au dialogue. La synthèse a eu lieu avec la procession aux flambeaux dans le quartier Tamburi, le plus touché par la pollution, à laquelle ont participé syndicats et écologistes, ouvriers et simples citoyens. J’espère que les décisions sauront unir les exigences de celui qui craint de perdre son emploi et celui, qui, à juste titre, demande de l’air propre et des garanties pour son avenir et celui de ses enfants.
Récemment, des employés ont grimpé au sommet de la tour de chargement du haut four, risquant leur vie, en signe de protestation. Comment allumer d’espérance le cœur de personnes qui, apparemment, l’ont perdue?
Il n’y a pas d’autres recettes que celle de l’accueil de l’autre. A ces ouvriers j’ai transmis l’étreinte de l’Eglise qui leur a insufflé courage. La foi nait et s’alimente grâce à l’expérience de Dieu que nous faisons lors d’une rencontre réelle, celle avec le sourire d’un frère, celle d’une parole de réconfort.
Donc l’annonce évangélique peut se réaliser aussi dans une situation sociale particulière?
Certainement ! On le fait toujours de la même manière, en centrant notre attention sur celui qui en a le plus besoin, en recommençant à éduquer « à la bonne vie de l’Evangile », quand par « vie » on n’entend pas bien sûr, uniquement la sphère religieuse de chaque individu, mais tous les domaines où l’homme se trouve à vivre : de l’école au travail, de la fête au temps libre, en passant par les épreuves de la vie.