a annoncé Benoît XVI à son arrivée place de Cibeles pour ce rendez-vous clef de la XXVIe JMJ. Dans son homélie, le pape a invité les jeunes à se mettre au service de ceux qui souffrent pour soulager leurs souffrances.
Chacune des « stations » du chemin de croix, de l'arrestation de Jésus à sa déposition au tombeau, était représentée par de grandes statues habillées d’étoffes précieuses, selon les traditions de Pâques en Espagne, certaines datant du 17eou du 18esiècle, œuvres de sculpteurs renommés.
Un Chemin de Croix pas comme les autres
Ces 14 scènes différaient légèrement des scènes habituellement méditées pendant le Chemin de Croix, comme cette « solitude de la Vierge Marie » de la 14estation. Elles ont commencé par la Sainte Cène, selon le récit de l’institution de l’eucharistie, venue de Murcie (1763) ;
puis « le baiser de Juda » (Malaga, 1963) ; le reniement de Pierre (1958, Orihuela) ; la condamnnation de Jésus à mort (1625, Madrid) ; Jésus chargé de sa croix (1942, Madrid) ; la chute de Jésus sous le poids de la Croix (1942, Úbeda) ; Simon de Cyrène aide Jésus à porter la Croix (1630, Leon) ; Véronique essuie le visage de Jésus (1957, Jerez de la Frontera) ; Jésus est dépouillé de ses vêtements (1986, Grenade) ; Jésus cloué sur la Croix (1885, Zamora) ; Jésus meurt sur la Croix (le Christ dit « de la bonne mort », 1942, Malaga) ; la descente de Croix du Corps de jésus (1945, Cuenca) ;
Jésus dans les bras de sa Mère (1625, Valladolid) ; la mise au tombeau de Jésus (Segovia, 1625) ; la solitude de la Vierge Marie (1675, Séville) : la statue est connue comme la « Sévillane ».
On peut revivre cette célébration grâce aux vidéos du Vatican disponibles sur le site de la JMJ 2011 de Madrid.
Pour marquer ce temps de méditation sur la Passion du Christ, le pape était revêtu du camail et de l’étole sacerdotale rouge, comme le Vendredi Saint. Le sommet de la JMJ est en effet construit comme le « triduum » de Pâques : une Pâques en plein mois d’août, avec la douleur de la Passion du Christ, le vendredi, et « prélude de la résurrection », a insisté le pape, jusqu’au dimanche, jour de la fête de la résurrection, chaque semaine, pour les chrétiens.
Ce Chemin de Croix a commencé Place de Colon et s'est achevé Place de Cibeles où se trouve le podium du pape : les jeunes de différents pays particulièrement souffrants ont porté la « Croix des JMJ » donnée par Jean-Paul II aux jeunes, tout au long de cette méditation.
Les souffrances des jeunes
Parmi les intentions de prière de ce Chemin de Croix géant, la neuvième station, qui représente « Jésus dépouillé de ses vêtements », les victimes d’abus sexuels : « Jésus compatit avec les souffrances des victimes des génocides humains dans lesquels l’homme se signale dans sa violence brutale, il compatit avec les viols et abus sexuels et les crimes contre les enfants et les adultes ».
Le Chemin de Croix a aussi évoqué les jeunes qui souffrent de la guerre, des conflits fratricides, des persécutions pour leur foi, de la marginalisation, ou de la dépendance de la drogue, des victimes de l’avortement, du terrorisme, de catastrophes naturelles, du chômage et de la crise économique.
Une préparation à la journée de demain, à la « fête du pardon » : le pardon des péchés sera donné par le pape lui-même à quelques jeunes dans le sacrement de la pénitence et de la réconciliation. Les prêtres ont reçu le pouvoir de remettre les fautes y compris pour l’avortement. Des centaines de confessionnaux en forme de voile blanche ont été installés pour les prêtres qui seront à la disposition des jeunes.
Au terme du chemin de croix, le pape a tenu une brève homélie où il a évoqué les commentaires faits par les Petites soeurs de la Croix les Hermanitas de la Cruz, qui servent les plus pauvres et ceux qui sont dans le besoin. Ces commentaires ont permis d’entrer dans le mystère de la croix glorieuse du Christ, qui renferme la vraie sagesse de Dieu, celle qui juge le monde et ceux qui se croient sages (cf. 1 Cor 1, 17-19) » (cf. Documents pour le texte intégral de l’homélie).
La beauté au service de la foi
« La contemplation des extraordinaires Imágenes provenant du patrimoine religieux des diocèses espagnols, nous a aidés également dans cet itinéraire vers le calvaire. Ce sont des Imágenes où la foi et l’art s’harmonisent pour arriver au cœur de l’homme et pour l’inviter à la conversion. Quand le regard de la foi est limpide et authentique, la beauté se met à son service et elle est capable de représenter les mystères de notre salut jusqu’à nous émouvoir profondément, et de transformer notre cœur, comme cela est arrivé à sainte Thérèse d’Avila en contemplant une représentation du Christ blessé (cf. Libro de la vida 9, 1) », a dit le pape.
Puis il a interrogé les jeunes sur leur réponse à l’amour du Christ qui donne sa vie pour eux : « Devant un tel amour si désintéressé, pleins d’étonnement et de gratitude, nous nous demandons maintenant : Que ferons-nous, nous autres, pour lui ? Quelle réponse lui donnerons-nous ? »
Il répond en citant saint Jean : « La passion du Christ nous pousse à charger sur nos épaules la souffrance du monde, avec la certitude que Dieu n’est pas quelqu’un qui est distant ou lointain de l’homme et de ses vicissitudes ».
Etre proche de qui est dans le besoin
« Chers jeunes, a exhorté le pape, que l’amour du Christ pour nous augmente votre joie et vous aide à être proches de ceux qui sont dans le besoin ».
« La croix, a ajouté Benoît XVI, n’a pas été le développement d’un échec, mais la manière d’exprimer le don aimant qui arrive jusqu’à un don plus grand : celui de sa propre vie ».
Il a invité les jeunes à se confier à la prière de la Vierge Marie : « en particulier quand nous passons à travers la nuit de la souffrance, afin que nous réussissions comme elle à demeurer fermes dans la foi au pied de la croix ».
Ce recueillement des méditations a été précédé et suivi par des manifestations d’enthousiasme : certains jeunes arrivés aujourd’hui voyaient le pape pour la première fois. Ils semblaient ne pas vouloir le laisser partir : le pape les a regardés en souriant et en leur adressant des signes amicaux depuis la voiture blanche panoramique. Les jeunes continuaient de l’ovationner et de scander à en perdre la voix : Esta es la Juventud del Papa, « Voilà la jeunesse du pape », puis « Be-nedicto », ou « Viva el papa », en battant des mains, sur des kilomètres hérissés de drapeaux et de calicots joyeux, chantant devant la nonciature jusqu’à son arrivée, escorté jusque là par les caméras, tandis que la nuit, vibrante, tombait sur Madrid illuminée.
Anita S. Bourdin
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