Mieke Derde, doctorante en théologie biblique à l'université de Leuven (Louvain) et professeur de physique-chimie, retient l'essentiel de cet entretien, pour les lecteurs de Zenit.
Pour l’avenir l’économiste entrevoie d’abord un retour à la sobriété pour l’Occident : « On sera obligé de vivre avec moins matériellement mais la qualité de vie sera meilleure. Les transformations viendront de la base”, souligne Geert Noels. Il met la crise dans une perspective plus large : “La révolution durable est à l’œuvre. La mentalité change. Nous avons embrassé l’énergie alternative. L’économie (dans le sens de vivre économiquement) a des chances nouvelles”.
Son diagnostic n’est pas irénique : “La crise n’épargnera personne. Nous devons l’affronter avec des armes d’autrefois: bâtir ensemble un réseau de solidarité. Le centre de ce réseau sera la famille et les amis. Ce tissu familial et amical était bien établi autrefois. Il sera la base d’un mouvement de transformation”.
Pour Noels, la reprise jaillit toujours de la base, qui se laisse inspirer par ce qui est essentiel. IEt s'il "ne va plus à l’Eglise", il n’exclut pas d’y retourner : “Beaucoup de personnes de ma génération ont eu du mal – déjà dès leur jeunesse – avec l’institution-Eglise (…). Cependant, beaucoup de personnes sont attirées par les réunions dominicales où les personnes se rencontrent, partagent et prennent du temps pour réfléchir ensemble. On peut toujours revenir aux principes chrétiens. On les redécouvre quand on avance en âge. J’y crois profondément. Ces principes sont notés dans des livres écrits quelques décennies après la mort du Christ. Il faut les interpréter. L’essentiel est une doctrine, un guide. Elle guide des hommes pour vivre ensemble en communauté d’une façon positive. Elle aide de traverser des moments plus difficiles. Elle donne de vaincre le désespoir. Les problèmes dans notre société changent, mais restent parallèles (au cours de l’histoire, les mêmes problèmes surgissent, mais sous une autre forme). Aujourd’hui, nous ne souffrons plus d’une faim physique mais d’une faim spirituelle. La faim physique a changé en une faim spirituelle. Le message chrétien donne beaucoup de sens. J’espère qu’il reste debout/transmis. Je sens qu’il unit beaucoup de personnes”.
L’économiste dit son estime pour le président européen Herman Van Rompuy qu’il connaît depuis quelque 25 ans : “Van Rompuy a déjà profondément réfléchi à ces thèmes. Il a déjà traversé ce que je vis aujourd’hui. Il croit. Nous sommes des personnes sceptiques parce que nous n’avons pas tous les éléments en main. Nous cherchons le sens de ce que nous faisons de notre vie. Qu’est-ce qu’il y a après la mort? Je me sens impuissant de répondre à ces questions. Cependant, je constate – en progressant en âge – que je deviens plus paisible devant ces questions. Je les accueille autrement. La vie n’est pas sans sens. J’ai l’impression que je peux voir – petit à petit – au-delà de la frontière et façonner une image. Herman Van Rompuy a pris déjà plus de temps pour méditer. Il est plus proche de cette réalité invisible. J’ai confiance en ce que des personnes comme lui disent”.
Enfin, l’économiste flamand se dit “très optimiste en ce qui concerne la redécouverte de la spiritualité, mais moins optimiste de la manière dont elle est canalisée”. Il conclut : “Espérons que la quête spirituelle aille dans la bonne direction et que les hommes écoutent la bonne nouvelle”.
Mieke Derde
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