un souvenir – un conte – de Noël et d’évoquer sa vocation sacerdotale et son ministère peu commun.
Zenit – Mgr Follo, avez-vous un souvenir de jeunesse, pour nous aider à célébrer Noël ?
Mgr Francesco Follo – Je me souviens d’un Noël particulier de ma jeunesse: j’étais à Lourdes, où j’ai entendu un chant qui parlait de la visite des Rois Mages à Jésus. La chanson disait notamment que les trois Sages étaient arrivés à la grotte avec amour en apportant leurs dons – l’or, l’encens et la myrrhe -, et qu’ils étaient accompagnés de beaucoup de serviteurs dont un clown. Cet homme, petit et vêtu du façon cocasse, n’avait pas été jugé digne d’être présenté à la Sainte Famille. Il était donc resté en arrière et un mur de personnes se dressait entre lui et l’Enfant Jésus. Comme il était petit de taille, il ne voyait rien et donc il faisait des bonds pour pouvoir voir Jésus. Son agitation faisait sonner les clochettes accrochées à son costume de bouffon. En entendant ce tintement, qui risquait de réveiller le nouveau-né, la Vierge a demandé qui en était responsable. Le mur de gens s’ouvrit et quelqu’un désigna le clown comme le responsable du tapage. La Mère du Sauveur lui sourit et, une fois reçus les cadeaux des Rois Mages, elle demanda à ce pauvre homme quel cadeau il avait apporté à Jésus. Le clown avait les mains vides, mais il répondit assez vite : « J’apporte ma capacité à m’émerveiller ».
Alors, je cherche à vivre le Saint Noël en cultivant l’émerveillement, en cherchant à m’émerveiller, avec gratitude parce que Dieu nous/m’aime, au point de descendre au milieu de nous. Je cherche aussi à me regarder comme lui me regarde, dans la lumière de sa sainteté, et dans l’amour de son cœur qui se donne à nous. Et c’est avec ce regard dans les yeux et dans le cœur, que je cherche à regarder les autres qui sont, avec moi, devant la crèche.
Mais où fêter Noël ?
Si le « comment » c’est l’émerveillement reconnaissant pour un Dieu qui se fait petit enfant, le « lieu », c’est la maison : celle de la famille, celle de Dieu. Si l’on ne vit pas en communion avec les autres, à commencer par ceux de notre famille, ce n’est pas une vie « commune », il n’y a pas de vraie vie communautaire sinon dans la louange de Dieu qui nous fait contempler la crèche.
Pourquoi vous êtes devenu prêtre ?
Avant tout je ne vous dirai pas pourquoi je suis devenu prêtre, mais pour « Qui » je l’ai fait. Ce « Qui » est le Christ. Il m’a toujours fasciné, je l’ai toujours estimé et, après, de plus en plus aimé et perçu comme mon ami.
Comment le Christ vous a-t-il attiré, appelé ?
A travers des personnes, par la douce et sainte figure du curé de ma paroisse, quand j’étais petit, par l’amour, l’exemple et la sagesse de mes parents, dont la foi simple et solide (ils étaient l’un ouvrier et l’autre coiffeuse) m’a fait rencontrer le Christ dans le concret de la vie quotidienne et humble de la famille et du village. Mais je dois aussi ajouter le vicaire qui gérait le patronage, quand j’étais à l’école primaire. Son dévouement sacerdotal m’a fait apprécier la vie du prêtre. Enfin, mon père spirituel, qui est mort, mais qui a rendu ma vocation solide, en m’aidant à faire une expérience intelligente et amoureuse de l’Eglise comme communion. Ce prêtre m’a fait comprendre, entre autres, qu’il n’y a pas de vie vraie si elle n’est pas en communion avec nos frères et sœurs en humanité, mais qu’il n’y a pas de vie en communion sinon dans la louange de Dieu. A partir de ce moment-là mon principal désir a été de remplir l’Eglise de fidèles. Et si vous me demandiez : « Quelle prière feriez-vous maintenant sans réfléchir une seule seconde ? », je vous répondrais immédiatement : « Que ton Règne vienne » et l’Eglise est le signe sacramentel de cette royauté de Dieu sur le monde. L’Eglise n’est pas contre le monde, ou en-dehors du monde. L’Eglise est cette partie du monde sauvée.
D’autres personnes vous ont aidé à enraciner votre vocation?
Certainement. L’une d’entre elles a été la bienheureuse Mère Teresa de Calcutta, qui m’a appris à servir Dieu en le reconnaissant dans les pauvres, et qu’il faut, je cite, « une pauvreté angélique » pour voir Dieu dans le prochain. Depuis presque trente ans, à Rome auparavant, et maintenant à Paris, je « travaille » avec les Missionnaires de la Charité (nom officiel des Sœurs de Mère Teresa de Calcutta). Une autre personne m’a beaucoup aidé : c’est le bienheureux Jean-Paul II, que j’ai eu la chance de rencontrer grâce à mon « travail » à la Secrétairerie d’Etat du Saint-Siège. Il m’a appris comment être un "maître" et un guide vers la vérité pour les personnes confiées à mon ministère de prêtre : en étant un père fort, parce « homme de Dieu », et en priant, parce que la prière est l’âme de tout apostolat (au confessionnal ou au bureau). Et l'on travaille pour l’Eglise là où l’obéissance nous met.
Comment est-on prêtre … à l’UNESCO ?
L’UNESCO est une Agence spécialisée des Nations Unies pour l’éducation, les sciences (naturelles et humaines), la culture, la communication et l’information, dont l’objectif central est « de contribuer au maintien de la paix et de la sécurité en resserrant, par l’éducation, la science et la culture, [la communication et l’information] la collaboration entre nations, afin d’assurer le respect universel de la justice, de la loi, des droits de l’homme et des libertés fondamentales pour tous, sans distinction de race, de sexe, de langue ou de religion, que la Charte des Nations Unies reconnaît à tous les peuples ».
Le Saint-Siège y est présent parce qu’en raison de sa souveraineté spécifique, mais surtout, en raison du « lien organique et constitutif qui existe entre la religion en général et le christianisme en particulier, d’une part, et la culture, d’autre part » (Discours de Jean-Paul II à l’occasion de sa visite à l’UNESCO – 2 juin 1980), et « pour prendre part à la réflexion et à l’engagement » de l’UNESCO (Message de Benoît XVI pour le XXV anniversaire de la visite de Jean-Paul II à l’UNESCO – 2 juin 2005).
Donc, la présence d’un prêtre qui – avec un statut diplomatique – représente le « Vatican » dans cette enceinte étatique (193 Etats en sont membres) est voulue et considérée utile au dialogue avec le monde et pour apporter la contribution de l’Eglise à une Agence qui a été créée pour la paix, parce que, comme le dit le préambule de l’Acte Constitutif de l’UNESCO : "Les guerres prenant naissance dans l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix".
Dit autrement et en bref, le Saint-Siège est à l’UNESCO pour quatre motifs principaux. Primo pour faire entendre la voix de l’Église catholique dans les domaines de l’éducation, des sciences naturelles et sociales, de la culture et de la communication.
Secundo, pour être une interface entre les États membres de l’UNESCO et le Saint-Siège qui coordonne ces mêmes domaines dans l’ensemble des organisations internationales.
Tertio, pour participer au renforcement de la coopération internationale de l’UNESCO avec les membres de la « famille UNESCO » mais aussi des organismes de la société civile tels que les ONG.
Et enfin, pour contribuer à bâtir une civilisation de l’amour comme souvent le Pape Jean-Paul II l'a affirmé et comme Benoît XVI l'a très fortement réitéré dans son enseignement.
Personnellement, j’essaye de remplir ma tâche en étant un "maître" parce que je suis père, un heureux père dans l’Esprit pour le plus grand nombre possible de fils et filles.
Propos recueillis par Anita S. Bourdin
zenit