Reporters sans frontières demande la libération de Ahmed Aadan Dhere, correspondant à Berbera (Ouest) du quotidien privé du Somaliland Haatuf, arrêté dans la soirée du 27 septembre 2007 et détenu depuis quatre jours au commissariat central de la ville. "Les autorités du Somaliland ont tendance à utiliser l’arrestation de journalistes comme bon leur semble, au gré de leurs intérêts. Or, lorsqu’il s’agit d’une affaire de presse,
cela constitue un acte antidémocratique grave. Dans ce cas particulier, Ahmed Aadan Dhere est la victime par défaut d’un conflit entre un homme politique local et le gouvernement central. La nécessité de le libérer immédiatement tombe sous le sens", a déclaré l’organisation. Le 27 septembre aux alentours de 9 heures du soir, au moins six agents de la police du Somaliland se sont présentés au domicile d’Ahmed Aadan Dhere à bord d’un pick-up Toyota, a appris Reporters sans frontières auprès d’un des journalistes de Haatuf, Amin Jibril. Ils ont conduit le journaliste de force au commissariat central de Berbera, après que celui-ci avait refusé de les suivre en l’absence de présentation d’un mandat d’arrêt. Ahmed Aadan Dhere n’a pas été formellement inculpé, mais selon son propre témoignage auprès de sa rédaction, la police l’a informé qu’il a été arrêté sur ordre du directeur adjoint de la police régionale, Ibrahim Bashe. Selon la même source, ce dernier a ordonné son incarcération en raison de la publication, dans l’édition du 24 septembre, d’un article signé par un conseiller du gouvernement local, Awil Ali Sugule, critiquant les relations entretenues par le gouvernement central avec les autorités de la région de Saaxil. Il se montrait particulièrement critique envers le vice-président du Somaliland. Le journaliste n’est pas l’auteur de l’article incriminé et n’a servi que d’intermédiaire entre le conseiller et son journal. "La police sait qu’elle ne peut pas arrêter un conseiller des autorités locales sans une raison solide et juridiquement fondée. Alors que fait-elle ? Elle arrête une cible facile, un journaliste. Si mon article a violé une loi quelconque, c’est moi qui devrait me trouver derrière les barreaux, pas Ahmed", a expliqué Awil Ali Sugule au quotidien privé anglophone Somaliland Times, jumeau de Haatuf.
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