Cette belle aventure a commencé en mars 2007, lorsque Christian Taoutel, ancien de l'école de Jamhour et de l'USJ, et actuellement professeur d'histoire à l'IC (International College) et coordinateur des activités culturelles pour les anciens de l'USJ, fréquentant également l'église Saint-Joseph depuis l'âge de 10 ans, décide de se lancer dans ce projet qui lui tenait à cœur: « Je sentais que cette église faisait partie de notre patrimoine culturel. Il y avait par ailleurs une autre raison, d'ordre familial. Mon grand-oncle, le père Ferdinand Taoutel, était un des pères fondateurs et il me semblait juste d'assurer une certaine continuité dans le travail de construction. »
Pour toutes ces raisons donc, Taoutel décide de revêtir la coupole ainsi que les façades adjacentes de l'église de vitraux. Un rêve qui semblait irréalisable au début : « J'ai contacté beaucoup d'organismes et d'associations susceptibles de nous aider, mais en vain. Ce n'est que deux ans plus tard, avec l'aide de certains mécènes et quelques bonnes âmes, que le projet allait commencer à prendre forme. Enfin, avec la venue du père Victor Assouad, provincial des jésuites au Moyen-Orient, qui était également mon père spirituel à Jamhour, le coup d'envoi des travaux a été donné.
Relever le défi
Celui-ci propose alors à Nouhad Fawaz, sacristain de l'église et maître verrier, de participer à ces travaux. Ayant déjà réalisé auparavant certains vitraux de l'église, Fawaz n'hésite pas à adhérer à ce projet. « J'avais également, tout comme Christian Taoutel, des raisons sentimentales de le faire. J'habite le quartier depuis plus de cinquante ans et je considère cette église comme mon second foyer. » « Et puis, lance Nouhad Fawaz, j'aime les défis. Tout ce qui compte pour moi aujourd'hui c'est de voir ce projet achevé. »
Un défi ? Certes, et surtout une histoire de résurrection. En effet, dans cette église dont la première pierre avait été posée en 1874 et qui sera endommagée par la suite durant la guerre, Christian Taoutel, devenu désormais maître de chantier, retrouvera des vitraux endommagés qui ornaient l'église auparavant, parmi lesquels, celui représentant le Christ intact. « Si ce n'est pas un miracle ! » dit-il.
En effet, le vitrail du Christ-Roi (véritable œuvre d'art) ornait le second étage de l'abside alors que les fenêtres l'entourant de gauche à droite étaient recouvertes de vitres colorées sans motifs. En 1998, on confie à Nouhad Fawaz, Abdou Bouez et Joseph Chéhab le soin de concevoir et de réaliser une série de vitraux qui allaient orner l'abside du chœur à cet étage même.
Un chantier laborieux
Aujourd'hui, précise Taoutel, ces vitraux seront conservés, mais seront installés dans les couloirs latéraux de l'église, toujours au second étage, alors que le Christ-Roi reprendra sa place au milieu, entouré de vitraux à motifs floraux. Une dizaine sera restaurée alors que le reste (presque une quinzaine) sera recréé, mais toujours dans la continuité des anciens vitraux. Par ailleurs, les neuf vitraux représentant des personnages et des scènes de la Bible seront distribués des deux côtés de l'étage supérieur de l'église.
Un chantier. « Et quel chantier », semble dire Christian Taoutel, tout enthousiaste d'être déjà à pied d'œuvre. « Le comité, déjà constitué du père Victor Assouad, du père Paul Browers (préfet de l'église), de Nouhad Fawaz et moi-même, va bientôt accueillir un autre membre. Ainsi, le père Wituk, venu de Belgique, se joindra à nous pour mener à bien ce projet. Ensemble, nous veillerons à ce que les travaux, qui nécessitent beaucoup de patience et de minutie, aillent bon train. » « Enfin, conclut Christian Taoutel, nous espérons toucher certaines âmes de bonne volonté qui auront, tout comme nous, ce projet à cœur et qui nous aideront à poursuivre ce rêve et à le réaliser. »
Patrimoine sacré, mais également mémoire d'un peuple, l'église Saint-Joseph des pères jésuites est comme un joyau sans écrin. Avec tous ces efforts conjugués, le joyau sera à nouveau serti. « À la messe inaugurale de Noël 2009, l'église aura revêtu ses beaux vitraux, notamment les neuf restaurés, mais sûrement pas la totalité, qui exige beaucoup de fonds. »
Un appel lancé par un passionné et qui, espère-t-on, aura un écho parmi ceux qui voudraient que cette aventure continue et aimeraient y participer. Contacter alors Christian Taoutel à l'adresse suivante: christian.taoutel@usj.edu.lb, tél. : 03/220891.
Colette KHALAF- L'orient le jour