Le 11 août 2010 dans la ville de Chamchamall (entre Suleimanieh et Kirkuk), les forces de sécurité, Asayesh et policiers, ont pris à partie des journalistes qui couvraient une manifestation organisée pour protester contre le problème de pénurie d’eau dans la ville.
Ont été visés Swara Bilal, cameraman de Speda TV, chaîne satellitaire de l’Union islamique du Kurdistan, Ari Luqman, cameraman de KNN, chaîne du mouvement Goran, et Aso Shwani, correspondant du journal Hawlati. Ils ont ouvert le feu sur l’un d’eux.
« Ce qui s’est passé à Chamchamall est tout simplement scandaleux. Souvent responsables de menaces verbales et de violences physiques, les agents de forces de l’ordre en viennent maintenant à tirer de manière délibérée, en pleine rue, sur un journaliste. Nous demandons aux autorités du Kurdistan d’ouvrir une enquête sur cet incident grave et d’en sanctionner les responsables. Les agents de forces de l’ordre sont là pour faire respecter l’ordre public. Ils ne sont pas censés se comporter comme des milices servant des intérêts privés », a déclaré avec indignation Reporters sans frontières.
Swara Bilal, cameraman à Speda TV, raconte : « Nous avons été informés par des habitants de Shorsh, banlieue de Chamchamall qu’ils n’avaient plus d’eau depuis dix jours. Ils nous ont dit qu’ils avaient l’intention de manifester pour demander aux autorités locales de trouver une solution. Nous sommes arrivés peu de temps après et avons commencé à filmer. Mais rapidement, les forces de sécurité nous ont empêchés de filmer. Quand ils ont vu que j’avais filmé la manifestation, ils ont tiré sur les manifestants. Ils m’ont demandé de leur donner la cassette, mais j’ai refusé. J’ai alors couru de peur qu’ils s’emparent de la cassette. C’est alors qu’ils m’ont tiré dessus. Plus de dix balles. Heureusement, je n’ai pas été blessé ».
Ari Luqman, correspondant de KNN TV, explique de son côté que « lorsque les représentants des autorités locales sont arrivés, ils ont intimé l’ordre aux forces de l’ordre d’empêcher les journalistes de filmer la manifestation ». Il témoigne avoir « vu les forces de sécurité et la police courser le cameraman de Speda et lui tirer dessus. L’ordre donné était clair : si vous ne pouvez pas l’arrêter, tuez le. Au même moment, je m’apprêtais à filmer de mon côté. Mais le maire de Chamchamall et les agents des Asayesh et des policiers ont porté la main sur leur arme afin de me faire peur ».
Aso Shwani de Hawlati a également pu témoigner auprès de Reporters sans frontières de la violence des forces de sécurité à l’encontre des cameramen de Speda TV et de KNN TV.
Bukhari Jamil, le directeur général de Speda TV, a réagi : « Ce n’est pas la première fois que nos équipes sur le terrain sont agressées. Mais cette fois, c’est différent. Personne n’avait encore osé tirer délibérément sur des équipes de médias, comme cela a été le cas à Chamchamall. Nous sommes très inquiets de ce qui vient de se passer. Mais nous continuerons à faire notre travail, et ce quel qu’en soit le prix. »
Speda TV et KNN TV ont porté plainte contre la police et les forces de sécurité.
Reporters sans frontieres