Le 10 août 2010, Didier Ledoux, journaliste pour l’hebdomadaire Liberté a failli finir en "taule". Alors qu’il se trouvait sur les lieux d’une manifestation exceptionnelle, non autorisée par le pouvoir, le journaliste a été pris à partie par le lieutenant-colonel Romuald Letondot,
conseiller du chef d’Etat major de l’armée du Togo. Le correspondant de Reuters à Lomé a filmé la scène.
Nous pensons, et nous espérons, que cet incident impliquant un militaire français est anecdotique. Mais il est regrettable à plus d’un titre. Dans une région du monde où les militaires peuvent être responsables d’exactions, d’abus de pouvoir, et de violence contre les journalistes, on peut attendre d’un représentant de l’armée de la France, un des berceaux des libertés fondamentales, un devoir d’exemplarité. Le lieutenant-colonel Romuald Letondot, qui visiblement a perdu son sang-froid, a eu une attitude que nous dénonçons souvent à Reporters sans frontières, et qui repose sur le manque de respect et de compréhension du travail de la presse. Le journaliste faisait son travail en couvrant un événement public. Les responsables de cet officier français doivent sanctionner ce dérapage.
Le premier conseiller de l’ambassadeur de France au Togo a convié dans l’après-midi le journaliste et le lieutenant-colonel. Celui-ci a présenté ses excuses au journaliste et a affirmé regretter l’incident. Le ministère des Affaires étrangères et de la Défense français, ont condamné, le 12 août dernier, l’attitude du militaire français.
"J’ai accepté ces excuses bien que je ne sois pas sûr qu’elles soient sincères. Je me demande où va le monde si de telles entraves à des règles élémentaires de la démocratie se reproduisent ? Mes confrères m’ont conseillé d’agir en justice. Je vais en discuter avec les représentants des organisations de défense des journalistes à Lomé", a déclaré Didier Ledoux à Reporters sans frontières.