« Nous sommes encore en phase de préparation mais le document devrait sortir dans le courant de l’année, peut-être en été », a annoncé, mercredi 16 janvier, le cardinal il cardinale Antonio Canizares, préfet de cette congrégation, lors dune conférence à l’ambassade d’Espagne près le Saint-Siège, sur le thème : « La liturgie catholique à partir de Vatican II: continuité et évolution ».
Au cours de cette conférence, le cardinal Canizares a réaffirmé l’importance que le concile Vatican II avait donné à la liturgie, dont le renouvellement – a-t-il dit – « doit être dans le droit fil de la tradition de l’Eglise, et non une rupture ou une discontinuité », soit pleine de toutes ces « nouveautés » qui « ne sont pas respectueuses de tout ce que Pie XII a indiqué ».
A ce propos, le cardinal a cité le premier document conciliaire sur la liturgie, Sacrosanctum Concilium, rappelant que c’est par elle « surtout dans le divin sacrifice de l’Eucharistie « que « s’exerce l’œuvre de notre rédemption ». Dieu, a-t-il souligné, veut être adoré de manière concrète et ce n’est pas à nous, êtres humains, de la changer ».
Le préfet de la congrégation pour le culte divin et les sacrements a par ailleurs dit que parler d’une « Eglise renouvelée » ne veut pas dire procéder à « une simple réforme de structures » mais entreprendre « un changement à partir de la liturgie », celle-ci étant en effet le moyen par lequel « s’opère le salut ».
Dans cette réflexion sur la liturgie, a-t-il ajouté, il ne faut pas oublier non plus cette autre phrase du document conciliaire : « Le Christ est toujours là auprès de son Église, surtout dans les actions liturgiques. Il est là présent dans le sacrifice de la messe, et dans la personne du ministre, « le même offrant maintenant par le ministère des prêtres, qui s’offrit alors lui-même sur la croix » et, au plus haut degré, sous les espèces eucharistiques ».
L’objectif de la liturgie est donc « le culte de Dieu et le salut des hommes », a expliqué le cardinal, un culte qui « n’est pas créé par nous », mais qui est « source et sommet de l’Eglise ».
Le cardinal Canizares a ensuite critiqué les « abus » commis sur la liturgie, qui peut souffrir par exemple de « spectacularisation », faisant par contre l’éloge des moments de silence qui, a-t-il dit, « permettent au prêtre et aux fidèles de communiquer avec Jésus-Christ » et réduisent « la prédominance de la parole » qui transforme souvent « le prêtre célébrant en protagoniste » des lieux.
En ce sens, l’attitude à suivre est celle de Jean Baptiste « qui s’éclipse pour laisser de la place au Messie », a poursuivi le préfet.
Il a ensuite rappelé que le concile avait parlé spécifiquement de la messe tournée vers le peuple et de l’importance du Christ sur l’autel, de manière à ne pas exclure les fidèles de la parole de Dieu
Durant la fonction. Il a aussi souligné la nécessité de préserver la notion de « mystère » et de certains détails intéressants, jadis beaucoup plus respectés, comme « l’autel à l’est » ou la conscience du « sens sacrificiel de l’Eucharistie ».
Interrogé par l’ambassadeur du Panama près le Saint-Siège sur l’action de la culture indigène dans la liturgie, le cardinal a rappelé que « le concile parle d’une inculturation de la liturgie » dans le respect des « différences légitimes », c’est-à-dire en évitant d’éliminer leurs principes.
A ce propos, le cardinal Canizares a raconté son expérience en Espagne, à Santa Fe, le Dimanche des Rameaux, quand, en assistant à une messe gitane, il s’est ému en entendant les fidèles chanter l’ « Agneau de Dieu » comme un « marteau », presque comme un « véritable gémissement de l’âme » qui avait contaminé tout le groupe.
A propos du dialogue avec les disciples de mgr Lefebvre, il a rappelé que le Benoît XVI avait offert une « médiation pour régulariser » les relations, mais que celle-ci n’avait pas encore été accueillie.
Traduction d’Océane Le Gall
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