Un prêtre italien, Francesco Giovanni Bonifacio, vient d'être reconnu martyre par le pape Benoît XVI, ce qui ouvre la voie à sa béatification.
Il a été assassiné à l'âge de 34 ans, lors des « foibe », à Villa Gardossi en 1946. On l'appelait déjà de son vivant, en raison de sa générosité, « el santin ». Et sa cause de béatification a été lancée dès 1957 par l'évêque Trieste, Mgr Antonio Santin.
Le pape a signé le décret de la Congrégation des causes des saints, le 3 juillet dernier, reconnaissant son martyre, ce qui dispense, pour la béatification, de la reconnaissance d'un autre « miracle » dû à son intercession.
Rappelons que « foibe » est le pluriel de « foiba », un terme de la région italienne du Frioul, signifiant « fosse », « cavité ». En l'occurrence, il désigne des cavités et des crevasses naturelles, des grottes, ouvertes sur l'extérieur par des gouffres verticaux, qui atteignent parfois 200 m de profondeur.
Vers la fin de la Seconde Guerre mondiale lors de l'occupation de la ville de Trieste et des régions du nord-est de l'Italie par la Yougoslavie de Tito, des milliers de personnes (entre quatre mille et vingt mille selon les historiens) ont été assassinées et jetées dans ces fosses, parfois vivantes. On a parlé de « purification ethnique ». A cette époque de terreur, quelque 350.000 italiens durent abandonner l'Istrie, la ville de Fiume, et la Dalmatie.
Pasteur zélé, le P. Francesco rassemblait les fidèles victimes de la persécution, spécialement les jeunes, fondant l'Action catholique locale, dans l'actuelle Croatie. Il visitait les familles, les malades, aidait les pauvres. Et il fut victime d'intimidations.
Il revenait à Grisignana, le 11 septembre 1946, lorsqu'il fut arrêté par deux hommes de la Garde populaire, formée d'Italiens, des témoins les virent disparaître dans les bois.
Son frère partit à sa recherche et fut emprisonné, sous prétexte qu'il colportait des mensonges.
Le reste resta inconnu jusqu'à ce qu'un auteur dramatique réussisse à retrouver l'un des gardes qui avaient arrêté le P. Bonifacio.
Il raconta que le prêtre avait été emmené en voiture, battu, dévêtu, frappé au visage avec une pierre, et achevé de deux coups de couteaux, avant d'être jeté dans une foiba. On n'a jamais retrouvé son corps.
Il était né en 1912 à Pirano, deuxième de sept enfants, et il avait été ordonné prêtre en 1936 en la cathédrale de Trieste.
Ce n'est qu'en 2004 que la loi du 30 mars a institué en Italie, à l'instigation du président Giorgio Napolitano, le « Jour de la Mémoire », pour honorer les victimes de cette tragédie des « foibe ».
Une cinquantaine de prêtres catholiques auraient alors été assassinés par les troupes de Tito.
ROME, Mercredi 9 juillet 2008 (ZENIT.org)