Le patriarche d’Antioche des maronites, Béchara Boutros Raï, chef du synode de l’Eglise maronite, est en effet intervenu au synode, ce 13 octobre, dans l’après midi. Il a consacré son intervention aux paragraphes 56-57 du document de travail du synode (Instrumentum laboris), concernant l’économie et la politique.
Nouveaux acteurs, nouvelles tentations
Le paragraphe 57 de « l’Instrument de travail » indique en effet le lien entre économie et dialogue interreligieux : « L’apparition, sur la scène mondiale, de nouveaux acteurs économiques, politiques et religieux – comme le monde islamique, le monde asiatique – a donné naissance à une situation inédite et totalement inconnue, aux riches potentialités, mais où abondent aussi les risques et de nouvelles tentations de domination et de pouvoir ».
« Dans ce tableau, ajoute le document de travail, les différentes réponses ont souligné diverses urgences : l'engagement pour la paix, le développement et la libération des peuples ; une meilleure règlementation internationale et interaction des gouvernements nationaux ; la recherche de formes possibles d'écoute, de vie en commun, de dialogue et de collaboration entre les différentes cultures et religions ; la défense des droits de l'homme et des peuples, surtout des minorités ; la promotion des plus faibles ; la sauvegarde de la création et l'engagement pour l'avenir de notre planète ».
Pour le patriarche qui a accueilli le pape au Liban, lors de son voyage des 14-16 septembre 2012, « le dialogue interreligieux rentre en plein dans l’espace de la nouvelle évangélisation », mais il annonce qu’il se limitera à évoquer le « dialogue avec l’Islam dans les pays arabes ».
Le patriarche maronite entrevoit les fruits des paroles de Benoît XVI : « Les allocutions prononcées par le Saint Père au Liban et l’Exhortation Apostolique “Ecclesia in Medio Oriente”, aideront à parvenir à un “printemps chrétien”, qui contribuera, par la grâce de Dieu et par une nouvelle évangélisation éclairée, à un véritable “printemps arabe” de démocratie, de liberté, de justice, de paix et de défense de la dignité de tout homme, contre toute forme de violence et de suppression des droits. »
Il fait observer que pour l’Instrumentum laboris, ce dialogue est « mentionné parmi les nouveaux acteurs économiques, politiques et religieux, qui apparaissent sur la scène mondiale ».
Une annonce indirecte de l'Evangile
C’est un « dialogue spécifique », souligne-t-il en citant l’exhortation apostolique de Benoît XVI sur l’Eglise au Moyen-Orient, signée le 15 septembre à Harissa : « Ce dialogue est fondé sur les liens spirituels et historiques qui unissent les chrétiens aux musulmans. Il n’est pas d’abord dicté par des considérations pragmatiques d’ordre politique et social, mais il repose avant tout sur des fondements théologiques qui interpellent la foi. Ils sont clairement définis dans la Déclaration conciliaire ‘Nostra aetate’”(n. 19).
Il souligne la spécificité de l’évangélisation en milieu musulman et arabe : « L’évangélisation est pratiquée dans les pays arabes d’une manière indirecte, c’est-à-dire dans les écoles catholiques, les universités, les hôpitaux et les institutions sociales appartenant aux diocèses et aux ordres religieux qui sont ouverts aux musulmans comme aux chrétiens ».
Mais il mentionne aussi « les moyens de communication sociale, surtout ceux catholiques, qui transmettent les célébrations liturgiques et des programmes religieux variés », et le fruit : « on signale, parmi les musulmans, des conversions secrètes au christianisme », évoquées également, le 12 octobre, par Mgr Paul Desfarges, S.J., évêque de Constantine (cf. Zenit du 13 octobre 2012).
La session de travail du synode a commencé à 16 h 30 par la prière du Psaume 22 (23) (« Le Seigneur est mon berger, rien ne saurait me manquer ») et elle s’est achevée par l’heure d’interventions libres, de 18 h à 19 h, en présence de 222 pères synodaux.
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