La loi protège le rédacteur contre toute forme de violence, d’agression et d’intimidation. Le décret exécutif fixant le régime spécifique des relations de travail concernant les journalistes, a paru dans le Journal officiel.
Le projet, qui a fait tant parler de lui, est entré en application à compter du 11 mai, quelques semaines uniquement après son passage en Conseil de gouvernement. La célérité avec laquelle l’Exécutif a traité ce dossier constitue, selon les observateurs, un signe de bonne volonté de la part des autorités publiques, même si, faut-il le souligner, le syndicat des journalistes a émis de nombreuses réserves sur ce texte, attestant qu’il ne prend en charge qu’ une infime partie des préoccupations des journalistes.
En effet, la corporation milite depuis quelques années pour la mise en oeuvre d’un statut particulier pour les journalistes, à l’instar des autres secteurs. Mais le gouvernement a opté pour un décret exécutif de 19 articles, fixant la nature des relations entre l’organe employeur et le journaliste. Tout compte fait, beaucoup diront que c’est un premier pas. Le texte commence par définir les droits et les obligations des deux parties: journaliste et organe employeur.
Une bonne partie est consacrée, dans ce sens, à la protection des journalistes, à travers notamment, l’obligation faite à l’employeur d’octroyer une carte d’identité professionnelle au journaliste permanent. Le journaliste a le droit «d’avoir sa propre liberté d’opinion ainsi que sa propre appartenance politique sous réserve que l’expression publique de celles-ci ne nuise pas aux intérêts moraux de l’organe de presse.» L’accès à l’information, point central des préoccupations et des revendications des journalistes, est pris en charge par le texte en question qui stipule, dans son article 5 que les pouvoirs publics doivent faciliter et permettre au journaliste, à l’occasion de l’exercice de ses fonctions, l’accès aux sources d’information. Reste à savoir si cette disposition sera appliquée sur le terrain. Nul n’ignore qu’une telle mesure restera un voeu pieux si une décision politique n’est pas prise. L’accès aux sources permettra, sans nul doute, au journaliste, d’éviter de tomber dans le piège de la diffamation, lourdement sanctionnée par le Code pénal, d’autant plus, qu’apparemment, le délit de presse est toujours en vigueur. La loi protège aussi le journaliste contre toute forme de violence, agression, intimidation ou pression. Elle stipule clairement dans son article 5 que le journaliste a tout à fait le droit de «refuser toute directive rédactionnelle d’une origine autre que celle de son responsable au sein de l’organe de presse employeur.» Le législateur algérien tente d’organiser le recrutement des journalistes.
Désormais «tout recrutement de journaliste ou collaborateur de presse est subordonné à un contrat de travail écrit». Durant la période d’essai, dont la durée est précisée dans le contrat, il bénéficie des mêmes droits que le journaliste permanent, notamment en ce qui concerne la formation continue, en vue de la spécialisation. La loi instaure une police d’assurance complémentaire couvrant l’ensemble des risques exceptionnels encourus, lorsque, dans le cadre de l’exercice de ses activités professionnelles, le journaliste est dans l’obligation de se rendre dans des zones de conflit, de tensions ou à haut risque.
Enfin, le journaliste travaillant pendant les jours de repos légaux, bénéficie du droit à la récupération dans les conditions fixées par la convention collective. Le journaliste peut bénéficier d’un congé spécial à l’occasion de séminaires professionnels, de rencontre ou de journée d’étude.
Achira MAMMERI- L'Expression Edition Online 27.05.2008