Le lancement de l’Académie maronite a été annoncé au cours d’une conférence de presse au Centre catholique d’information (CCI). Ont pris la parole au cours de la conférence de presse : l’archevêque maronite de Beyrouth, Boulos Matar, en sa qualité de président de la commission épiscopale pour les communications sociales, l’avocat Laurent Aoun et le directeur du CCI, le P. Abdo Bou Kasm. Dans l’audience, la directrice générale de la Fondation maronite dans le monde, Hyam Boustany, le responsable de ses relations extérieures, l’ambassadeur du Liban en Argentine, Antonio Andari, le président de l’Association des industriels Nehmat Frem, ainsi que l’industriel Charles Hajje.
80 % des maronites vivent à l’étranger
Explicitant le sens de cette initiative, Michel Eddé a affirmé : « Quand nous savons, chiffres à l’appui, que 80 % des maronites vivent à l’extérieur du Liban, l’importance existentielle de cette réalité pour les maronites et le Liban s’impose d’elle-même. Si l’Église maronite ne parvient pas à maintenir vivant et dynamique le lien entre ces émigrés et l’Église mère, et par ce biais avec le patriarcat maronite comme symbole de l’unité de l’Église maronite et instance suprême pour tout maronite, où qu’il se trouve, alors la condition maronite, les maronites et avec eux le Liban sont menacés dans leurs êtres mêmes. »
« L’initiative de la Fondation maronite dans le monde a pour but de faire face à ce danger (…) de permettre aux maronites de s’attacher à leurs racines (…) et de leur restituer la capacité de jouir de leurs droits et devoirs politiques, civiques, sociaux et économiques et de participer activement à la vie et à la croissance de leurs pays », a ajouté Michel Eddé.
Création d’une « opinion publique » maronite
À l’actif de la Fondation maronite, a précisé M. Eddé, figurent déjà des réalisations pratiques touchant le décret de naturalisation ainsi qu’un projet de loi portant sur la facilitation de la procédure de récupération de la nationalité libanaise.
« L’institutionnalisation de la relation entre la Fondation maronite et les émigrés est en bonne voie, dans les deux Amériques, le Canada, l’Australie, sans parler de la France et d’autres pays européens, ou de l’Afrique », a ajouté M. Eddé, qui a fixé pour objectif à ce tenace effort de communication et de sensibilisation « la création d’une opinion publique maronite dans les pays d’émigration ».
Et de rappeler que la Fondation maronite dans le monde a déjà pris l’initiative, par le passé, d’encourager les jeunes descendants d’émigrés maronites à effectuer des visites au Liban qui les aideraient à se réapproprier leurs racines maronites et libanaises.
« Le danger de l’assimilation, dans les pays d’émigration, menace d’abord les chrétiens, et plus particulièrement les catholiques, qui en forment la grande majorité, a souligné Michel Eddé. La perpétuation de cet état de fait est de nature à provoquer un grave déséquilibre dans la formule libanaise qui affecterait non seulement les chrétiens, mais toutes les composantes religieuses du tissu social libanais, d’où l’importance exceptionnelle de ce programme de “retour aux sources”, dont la responsabilité est celle des jeunes maronites, plus encore dans le monde de l’émigration qu’au Liban. »
Laurent Aoun : 50 milliards de dollars
Dans sa présentation, l’avocat Laurent Aoun a souligné certaines des caractéristiques du programme de l’Académie maronite. 80 jeunes ont déjà été sélectionnés pour pendre part à la première session de l’Académie maronite, qui sera entamée le 15 janvier, a-t-il précisé. Au terme des quatre mois d’échanges interactifs, les visites au Liban se feront durant l’été et seront couronnées par une rencontre avec le patriarche.
Le programme d’initiation au Liban comprendra un volet économique destiné à orienter les investissements annuels des émigrés vers des secteurs productifs et créateurs d’emplois, a enchaîné M. Aoun, qui a précisé qu’au cours des dix dernières années, quelque 50 milliards de dollars américains ont été virés par les émigrés, sans contrepartie.
« Or ces fonds ont été dans trois directions, a-t-il déploré : les dépôts bancaires, c’est-à-dire indirectement les bons du Trésor qui servent à financer divers projets, alors même que des régions reculées continuent de souffrir du sous-développement ; l’achat de terrains à des fins de spéculation, ce qui a contribué à la hausse du prix des terrains et donc un surcroît d’émigration d’une classe privée du pouvoir d’achat correspondant : enfin dans l’augmentation du nombre de personnes instruites et, d’une certaine façon, des candidats à l’émigration. »
Laurent Aoun a conclu sa présentation en affirmant que l’Académie maronite aidera, entre autres, à la création d’un « environnement propice » à de meilleurs investissements des fonds venus de l’émigration et à la croissance des exportations libanaises en direction des pays d’émigration, sans compter la naissance d’une génération de jeunes ayant à cœur la cause libanaise.
L'orient le jour