du concile Vatican II l’affirme, « il n’y a pas d’œcuménisme sans conversion intérieure » (n. 7) » : c’est ce qui courronne la méditation de Benoît XVI sur l’unité des chrétiens ce 25 janvier 2013, en la fête de la Conversion de S. Paul.
A l’occasion du dernier jour de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens 2013, Benoît XVI a présidé les secondes vêpres ce vendredi 25 janvier, en la basilique Saint-Paul-hors-les-Murs, comme c’est la tradition, et en présence de représentants des différentes confessions chrétiennes.
La semaine de prière avait pour thème : « Ce que le Seigneur exige de nous » (Michée 6, 6-8) et les méditations ont été préparés par des chrétiens de l’Inde, de la caste des Dalits.
Et en cette année de la foi, le pape fait observer que « sans la foi – qui est premièrement un don de Dieu, mais aussi une réponse de l’homme – tout le mouvement œcuménique se réduirait à une forme de « contrat » auquel adhérer pour un intérêt commun ».
Il souligne, en commentant le thème de cette année, que « marcher humblement avec Dieu » signifie non seulement se confier entièrement à Dieu mais « avancer au-delà des barrières, au-delà de la haine, du racisme, et de la discrimination sociale et religieuse, qui divisent et nuisent à toute la société » : en somme, les fruits concrets de la recherche de Dieu et de l’unité.
Homélie de Benoît XVI
Chers frères et sœurs,
C’est toujours une joie et une grâce spéciale de nous retrouver ensemble, autour de l’apôtre Paul, pour conclure la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens. Je salue avec affection les cardinaux présents, en premier lieu le cardinal Harvey, archiprêtre de cette basilique, et avec lui l’abbé et la communauté des moines qui nous reçoivent.
Je salue le cardinal Koch, président du Conseil potifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, et tous les collaborateurs du dicastère. J’adresse mes salutations cordiales et fraternelles à Son Eminence le Métropolite Gennadios, représentant du Patriarcat œcuménique, au Révérend chanoine Richardson, représentant personnel à Rome de l’archevêque de Cantorbéry, et à tous les représentants des différentes Eglises et Communautés ecclésiales, réunis ici ce soir.
Il m’est en outre particulièrement agréable de saluer les membres de la Commission mixte pour le dialogue théologique entre l’Eglise catholique et les Eglises orthodoxes orientales à laquelle je souhaite un travail fructueux lors de la session plénière qui a lieu ces jours-ci à Rome, ainsi que les étudiants de l’Institut oecumnique de Bossey, en visite à Rome pour approfondir leur connaissance de l’Eglise catholique, et les jeunes orthodoxes et orthodoxes orientaux qui étudient ici. Enfin, je salue toutes les personnes présentes venues pour prier pour l’unité de tous les disciples du Christ.
Cette célébration s’insère dans le contexte de l’Année de la foi, qui a commencé le 11 octobre dernier, pour le 50eanniversaire de l’ouverture du concile Vatican II. La communion dans la même foi est la base de l’œcuménisme. L’unité, en effet, est donnée par Dieu comme inséparable de la foi, ce que Paul exprime de façon efficace : « Il n'y a qu'un Corps et qu'un Esprit, comme il n'y a qu'une espérance au terme de l'appel que vous avez reçu ; un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême ; un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de tous, par tout et en tous » (Ep 4,4-6).
La profession de la foi baptismale en Dieu, Père et Créateur, qui s’est révélé en son Fils Jésus-Christ, en répandant l’Esprit qui vivifie et sanctifie, unit déjà les chrétiens. Sans la foi – qui est premièrement un don de Dieu, mais aussi une réponse de l’homme – tout le mouvement œcuménique se réduirait à une forme de « contrat » auquel adhérer pour un intérêt commun.
Le concile Vatican II rappelle aux chrétiens que « plus étroite, en effet, sera communion avec le Père, le Verbe et l’Esprit Saint, plus ils pourront rendre intime et facile la fraternité mutuelle » (Décr. Unitatis redintegratio, 7). Les questions doctrinales qui nous divisent encore ne doivent pas être négligées ni minimisées. Elles doivent plutôt être affrontées avec courage, dans un esprit de fraternité et de respect réciproque. Le dialogue, quand il reflète la priorité de la foi, permet de s’ouvrir à l’action de Dieu avec la ferme confiance qui tout seuls nous ne pouvons pas construire l’unité, mais c’est l’Esprit Saint qui nous guide vers la pleine communion, et fait saisir la richesse spirituelle présente dans les différentes Eglises et Comunautés ecclésiales.
Dans la société actuelle, il semble que le message chrétien ait de moins en moins d’incidence sur la vie personnelle et communautaire ; et cela représente un défi pour toutes les Eglises et Communautés ecclésiales. L’unité est en soi un moyen privilégié, quasi un présupposé pour annoncer la foi de façon toujours plus crédible à ceux qui ne connaissent pas encore le Sauveur, ou qui, tout en ayant reçu l’annonce de l’Evangile, ont quasi oublié ce don précieux. Le scandale de la division qui entamait l’activité misisonnaire adonné l’impulsion qui a lancé le mouvement œcuménique tel que nous le connaissons aujourd’hui. L’unité pleine et visible entre les chrétiens doit être en effet comprise comme une caractéristique fondamentale pour un témoignage encore plus clair.
Alors que nous sommes en marche vers la pleine unité, il est nécessaire alors de continuer la collaboration concrète entre les disciples du Christ pour la cause de la transmission de la foi au monde contemporain. Aujourd’hui, on a grand besoin de réconciliation, de dialogue et de compréhension réciproque, dans une perspective non moralisatrice, mais justement au nom de l’authenticité chrétienne pour une présence plus incisive dans la réalité de notre temps.
Ensuite, la vraie foi en Dieu est inséparable de la sainteté personnelle, et aussi de la vraie recherche de la justice. Dans la semaine de prière pour l’unité des chrétiens, qui se conclut aujourd’hui, le thème offert à notre méditation était : « Ce que le Seigneur exige de nous », inspiré par les paroles du prophète Michée (cf. 6, 6-8). Il a été proposé par le « Mouvement des étudiants chrétiens » en Inde, en collaboration avec la « Fédération des universités catholiques de toute l’Inde » et par le « Conseil national des Eglises de l’Inde », qui ont préparé les textes pour la méditation et la prière. Je désire exprimer ma vive gratitude à ceux qui y ont collaboré et, avec grande affection, j’assure de ma prière tous les chrétiens de l’Inde, qui sont parfois appelés à rendre témoignage de leur foi dans des conditions difficiles. « Marcher avec Dieu » signifie avant tout avancer dans la radicalité de la foi, comme Abraham, en ayant confiance en Dieu, et même ne plaçant en Lui notre espérance et nos aspirations, mais cela signifie aussi avancer au-delà des barrières, au-delà de la haine, du racisme, et de la discrimination sociale et religieuse, qui divisent et nuisent à toute la société. Comme saint Paul l’affirme, les chrétiens doivent offrir les premiers un exemple de la recherche de la réconciliation et de la communion en Christ, qui dépasse tout type de division. Dans la lettre aux Galates, l’apôtre des Nations affirme : « Car en Jésus Christ, vous êtes tous fils de Dieu par la foi. En effet, vous tous que le baptême a unis au Christ, vous avez revêtu le Christ ; il n'y a plus ni juif ni païen, il n'y a plus ni esclave ni homme libre, il n'y a plus l'homme et la femme, car tous, vous ne faites plus qu'un dans le Christ Jésus » (3, 27-28).
Enfin, notre recherche de l’unité dans la vérité et dans l’amour ne doit jamais perdre de vue la perception que l’unité des chrétiens est l’oeuvre et le don de l’Esprit Saint, et va bien au-delà de nos efforts. Par conséquent, l’œcuménisme spirituel, spécialement la prière, est le cœur de l’engagement œcuménique (cf. Décr. Unitatis redintegratio, 8). Cependant, l’œcuménisme ne portera pas de fruits durables tant qu’il ne sera pas accompagné de gestes concrets de conversion qui secouent les consciences et favorisent la guérison des souvenirs et des relations. Comme le décret sur l’œcuménisme du concile Vatican II l’affirme, « il n’y a pas d’œcuménisme sans conversion intérieure » (n. 7).
Une conversion authentique, comme celle que suggère le prophète Michée et dont l’apôtre Paul est un exemple significatif, nous conduira plus près de Dieu, au centre de notre vie, de façon à nous rapprocher davantage les uns des autres. C’est là un élément fondamental de notre engagement œcuménique. Le renouveau de la vie intérieure de notre cœur et de notre esprit, qui se reflète dans la vie quotidienne, est cruciale dans tout dialogue et tout chemin de réconciliation, faisant de l’œcuménisme un engagement réciproque de compréhension, de respect et d’amour « afin que le monde croie » (Jn 17, 21).
Chers frères et sœurs, invoquons avec confiance la Vierge Marie, modèle incomparable d’évangélisation, afin que l’Eglise, « signe et instrument de l’union intime avec Dieu et de l’unité de toute le genre humain » (Const. Lumen gentium, 1), annonce le Christ Sauveur avec clarté aussi à notre époque. Amen.
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Traduction de Zenit, Anita Bourdin