A la veille de l’ouverture de la Semaine de prière, qui a lieu comme chaque année du 18 au 25 janvier, Zenit a recueilli ces réflexions du cardinal Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, chargé de suivre l’organisation de cette initiative côté catholique.
La première partie de l’entretien avec le cardinal Koch, a été publiée mercredi 16 janvier.
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Certaines décisions prises par l’Eglise anglicane, et qui l’éloignent de Rome, sont-elles encore une préoccupation ?
L’unité que nous visons est une unité dans la foi, dans les sacrements et dans les ministères; et si les anglicans changent tout dans leur ministère, cela devient un grand défi pour nous aussi, car ce développement dans la communauté mondiale des anglicans provoque beaucoup de tension au sein de la communauté locale. Cela est un grand défi pour nous aussi. Nous voulons et nous devons aider les anglicans à retrouver leur unité mais seulement s’ils veulent notre aide.
La sécularisation en Europe et ailleurs est un autre sujet de préoccupation pour tout le monde. Comment les Eglises chrétiennes peuvent-elles répondre à ces courants, qui annulent ou effacent Dieu de la vie publique?
Tout d’abord, en Europe, les chrétiens doivent considérer la responsabilité qu’ils ont sur ce développement, car après la Réforme nous avons le schisme, la division, et après la division nous avons eu beaucoup de guerres confessionnelles. Et je dirais que ces guerres et ces divisions ont fait qu’en Europe la religion n’est plus le fondement de l’unité dans la société mais la racine de tous les conflits. Si bien que la société moderne a du trouver un nouveau fondement pour l’unité dans la société indépendante de la religion.
Ce que vous dites explique aujourd’hui tant de choses …
Ainsi, le revers de la médaille serait que le christianisme aide la société européenne à retrouver sa dimension religieuse et transcendante, mais pour cela il doit retrouver son unité. Une situation très sécularisée comme celle de l’Europe est un beau défi pour l’œcuménisme aujourd’hui, car ce n’est qu’en formant une seule voix commune – et en unissant leurs valeurs – que les chrétiens pourront aider l’Europe à réintroduire dans son histoire les grandes valeurs chrétiennes.
Comment les autres églises chrétiennes ont-elles accueilli la décision catholique de lancer une Nouvelle Evangélisation ?
La Nouvelle évangélisation doit aussi avoir une dimension œcuménique, car il est évident que Jésus, dans sa prière sacerdotale, demande que tous les disciples « soient une seule chose, afin que le monde croie ». La crédibilité de l’annonce de l’Evangile repose sur cette unité de l’Eglise. J’ai beaucoup de partenaires œcuméniques qui sont contents de cette initiative ; mais il y en a encore quelques uns qui ne le sont pas. Il est très important d’encourager tous ces partenaires, pour approfondir ce défi de la Nouvelle Evangélisation.
Quelles sont les Eglises les plus enthousiastes ?
Je dois dire que l’œcuménisme est confronté aujourd’hui à une grande division qui traverse les Eglises. D’un côté nous avons un œcuménisme libéral entre les catholiques et les réformés. Et de l’autre, l’optique est d’approfondir le fondement de la foi entre les communautés évangéliques et catholiques. Dans le second groupe la Nouvelle évangélisation est un beau défi.
Quels sont les projets de votre dicastère?
Tout d’abord, en cette Année de la Foi, notre défi sera d’approfondir le fondement de la foi dans l’œcuménisme, car l’œcuménisme n’est pas une question diplomatique ou politique, mais une question qui relève de la foi. Nous devons retrouver une foi commune et la confession de la foi apostolique, nous devons développer un objectif œcuménique commun. Puis il y a la question de l’approfondissement spirituel, et la recherche des racines spirituelles de l’œcuménisme, et tout notre travail visant cette unité.
En fin de compte, quelle devrait être l’attitude du catholique face aux autres chrétiens?
Je trouve très importante la phrase du bienheureux Jean Paul II qui dit que l’œcuménisme n’est pas seulement un échange d’idées mais « un échanges de dons ». Chaque Eglise a dans sa tradition des trésors particuliers. Nous ne devons donc pas avoir peur de l’œcuménisme, car c’est un enrichissement. Personnellement, l’expérience de l’œcuménisme m’a rendu beaucoup plus catholique. Car je vois aussi les grandes choses, les avantages de notre Eglise. Surtout le grand cadeau que nous avons reçu avec la papauté, avec le primat de l’évêque de Rome comme centre de l’unité de notre Eglise ; et cela est un grand avantage.
En somme, une grande vision …
Le pape Pie XII a dit que l’œcuménisme est une idée de l’esprit Saint. Paul VI, Jean Paul II, Benoît XVI, sont tous convaincus que l’œcuménisme est un cadeau de l’Esprit Saint et que nous devons ouvrir notre cœur à ce cadeau; et bien écouter ce que veut nous dire l’Esprit Saint dans la situation que vit notre œcuménisme aujourd’hui.
Pour participer à la semaine de Prière pour l’Unité des chrétiens 2013 (en différentes langues):
www.vatican.va/roman_curia/pontifical_councils/chrstuni/sub-index/index_weeks-prayer_it.htm
Traduction d’Océane Le Gall
zenit