L'université pontificale grégorienne remonte à la fondation, par saint Ignace de Loyola, en 1551, de ce qui l'a précédée: le "Collège Romain".
Dans une lettre du 30 mai dernier en effet, le préfet de la Congrégation pour l'éducation catholique, le cardinal Zenon Grocholewski, grand chancelier de la "Grégorienne", a écrit au Préposé général de la Compagnie de Jésus, le père Adolfo Nicolás, pour lui communiquer cette nomination de la part du pape François.
Le père Dumortier a adressé au corps enseignant de l'université une lettre dans laquelle il écrit sa reconnaissance: "Durant trois ans, j'ai pu mesurer les difficultés d'une mission qui exige un engagement sans trêve. J'ai aussi reçu le témoignage émouvant du dévouement de tant d'entre vous, et un soutien dans ma responsabilité qui m'a été très précieux. Je désire vous exprimer ma profonde reconnaissance et ma disponibilité pour cette mission tout à fait passionnante au service de l'Eglise et de notre communauté universitaire."
La communauté universitaire a pour sa part exprimé au père Dumortier ses meilleurs voeux pour son nouveau mandat.
De Sciences Po au noviciat
Dans un entretien publié par le site des Jésuites de France, en 2003, lorsqu'il était nommé provincial de France, le père Dumortier révèle qu'à Sciences Po, il souhaitait faire de la politique. Puis il s'est formé en gestion et il a appris le métier de la banque.
Il raconte ainsi son premier appel en quelque sorte: "C’est un autre service et un autre engagement qui, peu à peu, se sont imposés à moi. D’abord, l’amour de la littérature et la passion de la poésie m’ont fait rencontrer des êtres qui – je le dirais ainsi aujourd’hui – exprimaient, dans leur vie et dans leurs écrits, ce renversement total des perspectives qui est celui des Béatitudes. Ce fut un bouleversement intérieur très grand, comme si s’ouvrait un autre monde que « le monde mondain », le monde qui seul, en définitive, m’importait. Et puis, le sens de l’amitié et le goût de la musique se conjuguèrent un jour pour me faire passer par Notre-Dame-des-Neiges, une trappe de l’Ardèche, où entendant ce texte : « Voici, je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui pour souper, moi près de Lui et Lui près de moi » (Apocalypse 3,20), j’ai soudain compris que ma vie ne serait plus jamais la même : si Dieu existe, et si Sa présence se faisait aussi humble et discrète que ce petit coup frappé à la porte de ma vie avec un doux entêtement, alors je ne pouvais qu’ouvrir la porte sans désormais pouvoir savoir ce que demain serait. C’est l’obéissance à cette présence qui tracerait le chemin à suivre."
Un être profondément libre
Une rencontre et retraite ignatienne le conduiront ensuite au noviciat de la Compagnie de Jésus: "Je n’avais pas vraiment d’attirance pour les jésuites. Je portais en moi beaucoup de ces clichés que l’on colle au mot « jésuite » : des gens sûrs d’eux et je pensais : « trop sûrs d’eux » ; des religieux dont on perçoit peu ou mal la vie intérieure ; et puis tout ce qui fait que, fréquemment, on les respecte sans vraiment les aimer. Je désirais une vie plus contemplative, plus « enfouie », plus à la recherche et au service de ce qui semblait m’appeler en avant de moi, depuis loin devant moi. Alors pourquoi la Compagnie ? Parce qu’un ami m’a envoyé rencontrer le Père Gouet à Lyon… et que cette rencontre fut bouleversante. Quelque chose s’est passé, je ne sais quoi, comme si j’avais obscurément marché vers ce moment et vers cette personne qui m’accueillit ce jour-là, sans attente, sans calcul, gratuitement, librement. Oui, il me semblait rencontrer un être profondément libre parce que libéré intérieurement de tout ce qui pouvait affadir le goût du Christ et empêcher la joie de Dieu de se saisir de l’homme. J’ai toujours en mémoire son visage, l’Eucharistie qu’il présida ce jour-là au milieu des novices qui, eux, me montraient possible pour moi « la folie de la suite du Christ ». Puis, retraite d’élection – et entrée au noviciat. J’allais avoir 25 ans."
Il résume lui-même son itinéraire après son entrée chez les Jésuites: "C’est un itinéraire simple : le noviciat (73-75), puis le temps de la formation : le 1er cycle d’études en philosophie et en théologie au Centre Sèvres (75-79) ; une année en France et 18 mois aux Etats-Unis à la Weston School of Theology (Cambridge, Massachusetts) pour le 2ème cycle de théologie et un DEA de philosophie du droit à Paris II qui m’a permis de redécouvrir le droit. Ordonné prêtre en 1982, j’ai passé trois ans à mi-temps à la revue Etudes au temps où Paul Valadier venait d’en être nommé rédacteur en chef. Ce furent ensuite un an à Chantilly et six mois à Washington pour travailler sur l’œuvre de Hannah Arendt. Puis je fus appelé à faire le 3ème An et en 1990, à prononcer mes derniers vœux. En 1991, j’ai succédé comme Directeur du 2ème cycle au Centre Sèvres à René Marlé – avec qui j’avais eu le privilège de pouvoir collaborer deux ans auparavant ; en 1997, j’ai été nommé Président du Centre Sèvres et j’ai exercé cette charge jusqu’en juillet 2003."
Pas suffisamment connue
Pour savoir ce qu'il l'a le plus frappé dans son itinéraire – notamment ses séjours aux Etats-Unis – il suffit de cliquer sur ce lien: http://www.jesuites.com/compagnons/fxd/itw.htm
Mais il faudra y ajouter son bilan en tant que provincial. Il rappelait alors les priorités de la Compagnie: "l’Afrique et la Chine, l’apostolat intellectuel, les œuvres et maisons interprovinciales de Rome, les réfugiés".
Enfin, quand on lui parle d'effectifs, du nombre des Jésuites, il répond par cette conviction: "la vie jésuite n’est pas suffisamment connue et c’est à nous de la faire davantage connaître".