« La vérité des urnes et la moralisation de la vie publique » : c’est en effet le thème de l’allocution du cardinal Laurent Monsengwo Pasinya, archevêque de Kinshasa, à Berlin, le 5 juin, à l’occasion du Prix des ONG œcuméniques.
Ne privez pas vos peuples de l’espérance
L’archevêque, qui a prêché cette année la retraite de carême au Vatican, a cité le discours de Benoît XVI au palais présidentiel de Cotonou : « En ce moment, il y a trop de scandales et d’injustices, trop de corruption et d’avidité, trop de mépris et de mensonges, trop de violences qui conduisent à la misère et à la mort. Ces maux certes affligent votre continent, mais également le reste du monde. Chaque peuple veut comprendre les choix politiques et économiques qui sont faits en son nom. Il saisit la manipulation et sa revanche est parfois violente ».
Et le Pape lançait cet appel à la responsabilité des décideurs, souligne le cardinal Monsengwo: « De cette tribune, je lance un appel à tous les responsables politiques et économiques des pays africains et du reste du monde . Ne privez pas vos peuples de l’espérance! Ne les amputez de leur avenir en mutilant leur présent ! Ayez une approche éthique courageuse de vos responsabilités et , si vous êtes croyants, priez Dieu de vous accorder la sagesse. (…) il faut devenir de vrais serviteurs de l’espérance (…) Le pouvoir, quel qu’il soit , aveugle avec facilité, et surtout lorsque sont en jeu des intérêts privés, familiaux, éthiques ou religieux. Dieu seul purifie les cœurs et les intentions » (Benoît XVI, Discours au Palais présidentiel à Cotonou).
Il a affirmé sa conviction, en ce qui concerne les élections, que « la seule voie défendable est la vérité des urnes si, l’on veut bâtir une démocratie solide, exempte de tares que sont la fraude, le mensonge, la corruption érigés en système de gouvernement ».
Il conclut : « Respecter la vérité des urnes, refuser de tricher aux élections, c’est faire preuve d’un sens élevé de l’Etat et de la gouvernance ».
Le contraire, est une « catastrophe » pour l’éducation des jeunes, dénonce l’archevêque : « La tricherie et la fraude dans le processus électoral entraînent des conséquences catastrophiques dans la société, car en instaurant le mensonge dans la conquête du pouvoir, on rend impossible l’éducation des jeunes. On apprend à ceux-ci à conquérir leurs diplômes non seulement par des voies autres que académiques, par exemple par la corruption, mais en plus par la loi du moindre effort ».
« S’engager dans le mensonge dans le scrutin entraîne des conséquences sociales dans l’éducation des jeunes qui finissent par intérioriser des anti-valeurs qui les rendent incapables de servir dûment la nation », a dénoncé le cardinal lauréat.
Il dénonce cet autre abus des titres universitaires: « En outre, on remplit un pays de « faux docteurs » – médecins, avocats, magistrats, ingénieurs, architectes, fonctionnaires -, qui se contenteraient de résultats faux ou médiocres. Qui ne voit le danger que courent les nations à être gouvernées, administrées ou assistées par le service de tels énergumènes nullement préparés à assumer ces tâches ».
L’archevêque a dit sa « gratitude à l’association des Organisations œcuméniques pour l’Afrique centrale » pour l’attribution de ce « prix de la paix », en reconnaissant sa « contribution pour la paix ». « Les paroles me manquent pour vous témoigner mes sentiments intérieurs », a confié le cardinal congolais.
Il a achevé par cette prière : « Fasse le Ciel que les jeunes démocraties voire les plus anciennes soient fondées sur la vérité des urnes, la justice et la paix, bref sur une démocratie des valeurs ».
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