Le cardinal français Roger Etchegaray, président émérite du Conseil pontifical « Justice et Paix » – entre autres – , a participé aux travaux du synode pour le Moyen-Orient ce jeudi matin, à titre d'invité.
Le cardinal Etchegaray a été souvent appelé sous le pontificat de Jean-Paul II le cardinal des « missions délicates ». Jean-Paul II l'avait notamment chargé d'une démarche auprès de Saddam Hussein en espérant éviter un nouveau conflit en Irak. Il avait été en Chine où il avait présidé une messe en public.
C'est donc en homme de terrain qu'il s'est adressé aux pasteurs des catholiques du Moyen-Orient, dont beaucoup – le synode l'a redit à différentes reprises -, sont eux-mêmes issus de pays d'Extrême-Orient. L'intervention de Mgr Hinder a rappelé par exemple que les émigrés catholiques sur la péninsule arabique représentent 3 millions de personnes, en particulier des catholiques indiens ou philippins. Des évêques, d'Inde par exemple (Mgr Bosco Puthur, évêque de curie d'Ernakulam-Angamaly des Syro-Malabares, mardi après-midi, 12 octobre), sont intervenus avec véhémence pour défendre leurs compatriotes victimes de mauvais traitements dans leurs pays d'émigration.
Très ému visiblement, et de sa voix chaleureuse qui a la cadence poétique du sud-ouest de la France, le cardinal Etchegarary a dit avoir contemplé l'icône de la Vierge Marie et avoir eu cette intuition que ces pasteurs rassemblés par le synode étaient comme les mages venus d'Orient dont parlent les évangiles de l'Enfance du Christ, des mages cherchant l'étoile du côté de l'Occident.
Mais, a souligné le cardinal – maintenant remis de sa chute de la nuit de Noël 2009 à Saint-Pierre -, ils ont aussi appelé à regarder vers l'Orient et même vers l'Extrême-Orient. Ils verront aussi les souffrances, les difficultés des catholiques en Extrême-Orient, comme en témoignent aujourd'hui les dépêches d'Eglises d'Asie et de Fides que nous publions à propos des chrétiens du Pakistan, ou du témoignage héroïque des pasteurs aux Philippines contre les mafias.
Le cardinal des grandes missions a ouvert l'horizon du synode vers cet Extrême-Orient chrétien, bien vivant et souffrant, dynamisé par les défis qu'il affronte. On songe à l'immense Chine, mais aussi au Pakistan, à la Corée du Nord, à la Birmanie et au Laos, au Vietnam, pour ne citer que les terres où les défis de la liberté religieuse sont les plus connus, comme l'indique l'Observatoire en ligne de l'Aide à l'Eglise en Détresse (AED).
Certes, le synode s'est ouvert par des exposés de pasteurs catholiques des différents continents, et le synode lui-même traduit cette sollicitude de toute l'Eglise catholique pour les catholiques du Moyen-Orient. Les pères synodaux se disent d'ailleurs unanimement très heureux de cette initiative de Benoît XVI de les réunir. Mais la poésie spirituelle et enracinée dans l'expérience de terrain du cardinal Etchegaray a une efficacité qui dépasse les exposés théoriques. Une tonalité bien française et pourtant assez « orientale », peut-être justement parce qu'elle est évangélique.
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