Invité à intervenir au nom du monde juif, David Rosen s’en est tenu à l’argumentaire « officiel » israélien, prenant acte de l’« extraordinaire transformation » du regard porté par les catholiques sur les juifs, alors que l’inverse n’est pas vrai (« La plupart des juifs israéliens ne rencontrent jamais de chrétiens ») et affirmant que « la situation des chrétiens israéliens est incomparablement meilleure en Israël que partout ailleurs au Moyen-Orient », même si ceux des Territoires palestiniens, sont « pris entre le marteau et l’enclume » et « portent le poids des mesures de sécurité que l’État d’Israël est obligé de prendre pour se protéger de la violence ».
«Il faut aussi que le caractère chrétien de Jérusalem demeure visible»
Le rabbin Rosen se veut très positif envers les chrétiens, dont le « métier » consiste à être des « constructeurs de paix ». Sans doute le patriarche latin de Jérusalem, Mgr Fouad Twal qui, la veille, avait évoqué son « Église du Calvaire », l’a-t-il écouté avec attention… Mais le patriarche melkite Grégoire III Laham, avait, pour sa part, insisté, sur la même ligne : « Le rôle des chrétiens est de créer l’atmosphère de confiance entre l’Occident et le monde musulman pour travailler à un nouveau Proche-Orient sans guerre. »
Mais ces propos ne font pas oublier le contexte difficile en Terre Sainte. Mardi, le P. Pierbattista Pizzaballa, custode de Terre Sainte, avait affirmé, devant des journalistes : « Le mur construit par les Israéliens pour des motifs se sécurité est celui de la honte, de la peur, du refus. Il engendre une rancœur terrible, une mentalité de ghetto, des tensions terribles entre communautés ».
Et il propose pour le statut de la vieille ville de Jérusalem, que soit préservée au cœur de Jérusalem une aire, pour que les croyants puissent circuler librement. « Il faut aussi que le caractère chrétien de la terre Sainte et de Jérusalem demeure visible : le christianisme fait partie du patrimoine de la ville. Nous sommes là chez nous ! »
Le serment d'allégeance en question
À la tête de l’influent Ordre équestre du Saint-Sépulcre de Jérusalem, le cardinal John Foley – après avoir rappelé que depuis 2000, l’Ordre a envoyé plus de 50 millions de dollars (36 millions d’euros) au patriarcat latin de Jérusalem – n’a pas hésité à affirmer : « La construction des colonies israéliennes, le contrôle israélien des infrastructures à Jérusalem-Est et dans d’autres parties de la Cisjordanie, rendent encore plus difficile le développement d’un État palestinien viable et intégral. »
Réagissant au projet de serment d’allégeance des nouveaux citoyens israéliens envers l’État juif, qui trouble passablement les esprits synodaux, le rabbin Rosen explique qu’il ne faut pas y voir une signification religieuse du mot « juif », mais « culturelle, comme « italien » ou « français ».
Frédéric MOUNIER, à Rome
la-croix.com