Les quelque deux cents mille personnes qui ont participé la nuit dernière à la veillée de préparation à la béatification de Jean-Paul II´, ont découvert des aspects méconnus de la personnalité du pape polonais, grâce à quelques témoignages.
L'intervention la plus attendue, retransmise par des chaînes de télévision de plus de cent pays, a été celle de Sr. Marie Simon-Pierre, religieuse française des Maternités catholiques. Atteinte de la maladie de Parkinson, elle a été guérie de manière scientifiquement inexplicable grâce à l'intercession de Jean-Paul II. C'est ce miracle qui a permis la reconnaissance de sa béatification.
« Jean-Paul II vous regarde du ciel et vous sourit », a dit la religieuse. Après avoir évoqué les souffrances que lui provoquait la maladie dont Jean-Paul II lui-même avait souffert, elle a confié avoir été très touchée par le fait que son expérience ait pu contribué à la béatification de Jean-Paul II et de pouvoir en témoigner en ce lieu (cf. Zenit, 29 avril).
Jean-Paul II « se confessait chaque semaine », a affirmé J. Navarro-Valls
Joaquín Navarro-Valls, qui fut porte-parole de Jean-Paul II pendant 21 ans, a expliqué que pour comprendre Jean-Paul II il faut comprendre ce qu'est la Divine Miséricorde. Il « se confessait chaque semaine » car « il savait que nous, êtres humains, ne pouvons pas nous faire beaux, nous rendre purs, par nous-mêmes. Nous avons besoin de l'aide qui vient de Dieu à travers les sacrements », a-t-il affirmé.
« Pour un chrétien, prier est un devoir et aussi le résultat d'une conviction : pour lui, c'était une nécessité, il ne pouvait pas vivre sans prier », a-t-il ajouté. « Le voir prier, c'était comme voir une personne en conversation avec Dieu ».
Joaquín Navarro-Valls a rappelé qu'il voyait souvent Jean-Paul II dans sa chapelle privée, à genoux, avec des fiches qu'il lisait et portait ensuite dans la prière. Il s'agissait d'intentions de prière que les personnes du monde entier lui confiaient dans leurs lettres.
Il s'est fâché deux fois…
Le cardinal Stanisław Dziwisz, archevêque de Cracovie, secrétaire de Jean-Paul II pendant plus de 40 ans, a quant à lui expliqué que les deux amours de sa vie étaient « Dieu (Jésus Christ), et l'homme, surtout les jeunes ». Il a ensuite parlé des deux occasions où il a vu Jean-Paul II « vraiment fâché ». Mais « il y avait une raison », a-t-il ajouté.
La première fois, a-t-il raconté, ce fut à Agrigento, en Sicile, le 9 mai 1993, quand il a « élevé la voix contre la mafia. Nous avons tous eu peur », a-t-il souligné.
La deuxième fois, a ajouté le secrétaire, ce fut à l'Angélus, avant la guerre en Irak, quand il a crié avec force : « Non à la guerre, la guerre ne résout rien. J'ai vécu la guerre : je sais ce que c'est ».
« Il a envoyé un cardinal à Washington et un autre à Bagdad pour dire : 'n'essayez pas de résoudre les problèmes avec la guerre!' Et il avait raison. La guerre se poursuit encore et n'a rien résolu ».
Puis le cardinal Dziwisz a expliqué que Jean-Paul II avait eu une grande satisfaction dans sa vie : « au début on l'appelait 'le pape polonais' », a-t-il dit. Puis tous l'ont appelé 'notre pape', même beaucoup de non chrétiens. Mais demain nous l'appellerons : 'Jean-Paul II, bienheureux' », a-t-il ajouté, rempli d'émotion, en déclenchant un tonnerre d'applaudissements.
Un chapelet mondial
Après la première partie de la veillée consacrée à la célébration de la mémoire de Jean-Paul II à travers des témoignages, les fidèles se sont unis à cinq grands sanctuaires du monde dans la prière du chapelet : la méditation des cinq mystères lumineux.
De Lagniewniki, à Cracovie, les fidèles ont prié pour les jeunes ; de Kawekamo-Bugando (Tanzanie), pour la famille ; de Notre-Dame du Liban-Harissa pour l'évangélisation, de la basilique de Sainte-Marie de Guadalupe au Mexique, pour la paix entre les nations ; de Fatima, pour l'Eglise.
La veillée s'est terminée vers 22.30 avec la prière finale et la bénédiction que Benoît XVI a donnée depuis le Palais apostolique du Vatican grâce à une liaison télévisée.
Jesús Colina
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