Reporters sans frontières demande que toute la lumière soit faite après l’attentat dont a été victime, le 27 septembre 2008 à Ciudad Bolívar (État de Bolívar, Est), Eliécer Calzadilla, 56 ans, éditorialiste du Correo del Caroní, un quotidien régional édité à Puerto Ordaz (même État). Cet acte pourrait être lié aux activités journalistiques de la victime, heureusement hors de danger.
“Rien ne permet encore de relier ce qui ressemble fort à un contrat sur la tête d’Eliécer Calzadilla à une piste politique. Néanmoins, il est d’ores et déjà établi que le vol n’est pas le mobile. L’impunité dans cette affaire risquerait fort d’inciter des journalistes à l’autocensure, par crainte pour leur sécurité. Nous prions les autorités de l’État de Bolívar de mener une enquête rapide. Nous espérons que la justice rendue à Eliécer Calzadilla contribuera à apaiser un climat d’extrême tension, observé au niveau national, entre le pouvoir bolivarien et la presse privée (lire le communiqué du 25 septembre 2008)”, a déclaré Reporters sans frontières.
Dans la soirée du 27 septembre, Eliécer Calzadilla et son épouse sortaient du cinéma et se rendaient dans un restaurant qu’ils fréquentent régulièrement. Deux individus ont ouvert le feu sur le journaliste, au moment où il regagnait son véhicule. L’une des balles l’a atteint à la base du cou, lui sectionnant une vertèbre. Les deux agresseurs ont aussitôt pris la fuite à moto. Admis à l’hôpital en soins intensifs, Eliécer Calzadilla est à présent hors de danger. Il devra très probablement subir une intervention chirurgicale pour extraire le projectile.
Depuis la clinique où il est hospitalisé, Eliécer Calzadilla a dicté à sa fille sa chronique hebdomadaire parue le lendemain. Selon lui, ses agresseurs visaient très clairement à l’éliminer, car ils n’ont pas prononcé un mot ni tenté de dérober quoi que ce soit au couple. L’entourage du journaliste, dont le directeur du quotidien, David Natera Febles, a défendu la thèse d’un contrat sur sa tête.
Avocat de formation et collaborateur du Correo del Caroní depuis plus de vingt ans, Eliécer Calzadilla est connu pour dénoncer régulièrement la corruption et les dérives du gouvernement de l’État de Bolívar.” Le Correo del Caroní, dont la ligne est très critique envers le gouvernement bolivarien, avait d’ailleurs déjà reçu des menaces.
RSF 29.09.2008