Le procès en appel des six paroissiens de Côn Dâu a débuté ce matin, 26 janvier, aux alentours de 7h45, au Tribunal populaire de Da Nang. Il ne s'est pas prolongé longtemps et s'est achevé à 10h20 (heure locale). Le tribunal s'est contenté de confirmer les sentences prononcées en première instance contre les six accusés, à savoir des peines de prison avec sursis pour quatre d'entre eux et des peines de prison ferme pour les deux autres.
Seuls les quatre premiers, qui s'étaient retrouvés libres après le procès en première instance, MM. Nguyên Huu Liêm, Lê Thanh Lâm, Tran Thanh Viêt et Mme Nguyên Thi Thê, avaient eu la possibilité de faire appel de leur procès par écrit. Les deux autres condamnés à des peines de prison ferme lors de ce premier procès étaient restés internés. De leur prison, ils n'avaient pas eu la possibilité de faire parvenir leur demande d'appel aux autorités judiciaires. Cependant, ces deux accusés, M. Nguyên Huu Minh et Mme Nhan, étaient également présents lors du procès en appel au tribunal populaire de Da Nang. La seconde avait achevé la peine prescrite en première instance. Le premier avait encore trois mois de prison à purger. Par décision du tribunal, les deux ont été remis en liberté à l'issue du procès.
Selon les premiers témoignages reçus, on a assisté à une parodie de procès. Même, si cette fois-ci, un avocat, Me Huynh Van Dong, était présent au procès, les droits de la défense n'ont guère été davantage respectés que lors du procès de première instance. Avant le procès du 27 octobre dernier, un cabinet d'avocats n'avait pu obtenir l'autorisation d'assurer la défense des accusés. Son directeur, Cu Huy Ha Vu, a même été arrêté très rapidement après. Cette fois-ci, c'est Me Huynh Van Dông qui devait assurer les plaidoiries pour les accusés en appel. La cour, composée d'une juge et d'un procureur, accompagnés d'un greffier, s'est contentée d'accomplir la mission qui lui avait été confiée, faire en sorte que les six victimes soient condamnées, malgré leurs déclarations d'innocence.
Dans un certain nombre de déclarations faites la veille du procès, l'avocat avait déclaré qu'il démontrerait l'innocence totale des six accusés et mettrait en relief que les accusations portées contre ses clients avaient été dictées par la volonté des autorités municipales de s'emparer du territoire de la paroisse afin d'y réaliser leurs projets immobiliers. Il avait amené pour cela un certain nombre de preuves matérielles, en particulier des déclarations de témoins et des vidéos prises au mois de mai, lors de l'altercation des participants du convoi funéraire avec la police. Cependant, la cour n'a fait aucun cas de ces preuves matérielles et les a laissés sans examen.
Selon les premiers témoignages, il semble que l'avocat a été interrompu de très nombreuses fois au cours du procès et que la cour s'est montrée ignorante d'un certain nombre de dispositions législatives citées par la défense. Par ailleurs, le secrétaire de l'avocat a été amené en lieu sûr par des agents de la Sécurité au début du procès, peut-être parce qu'il avait pris un certain nombre de photos à l'intérieur de la salle d'audience. Il a été relâché aux alentours de 12h30 (heure locale).
Ce procès en appel avait suscité une grande émotion et beaucoup de solidarité dans la paroisse de Côn Dâu et chez de nombreux catholiques vietnamiens, à l'intérieur comme à l'extérieur du pays. Dans la paroisse même, malgré menaces et pressions policières, la confiance des fidèles impliqués dans le procès n'a jamais faibli. Dans les jours qui ont précédé le procès, dans les familles des accusés comme dans les maisons environnantes, des réunions de prière ont été organisées. Dans la paroisse de Thai Ha à Hanoi, au soir du 25 janvier, une réunion de prière de communion avec les fidèles de Côn Dâu avait rassemblé des centaines de paroissiens qui se souvenaient d'un procès du même type intenté contre huit catholiques locaux.
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