Le gouvernement vietnamien a réagi vigoureusement après avoir appris la fuite en Thaïlande d'une quarantaine de paroissiens de Côn Dâu et leur enregistrement sur la liste des demandeurs d'asile par le Haut Commissariat aux réfugiés de l'ONU (UNHCR),
rapporte « Eglises d'Asie » (EDA), l'agence des Missions étrangères de Paris.
A une question de l'agence de presse allemande DPA, la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Mme Nguyên Phuong Nga, a répondu par fax que le gouvernement ferait entendre ses protestations si les Nations unies accordaient le statut de réfugié à des Vietnamiens ayant fui leur pays pour la Thaïlande. Elle a déclaré que l'affaire de Côn Dâu ne concernait en aucune manière la liberté religieuse (1). Selon ses dires, il n'existe pas au Vietnam d'oppression politique ou religieuse. Ainsi toute décision attribuant à des citoyens vietnamiens le statut de réfugié politique ne pourrait être que sans fondement.
Les autorités et la presse officielle vietnamiennes se sont longtemps montrées très discrètes sur l'affaire. Ce n'est que récemment qu'elles ont dû se justifier pour répondre aux critiques américaines. Le 21 août dernier, l'organe du Parti communiste vietnamien, le Nhan Dân (2), répliquait vivement aux accusations lancées contre le gouvernement vietnamien par un certain nombre de membres du Congrès des Etats-Unis à propos de l'affaire de Côn Dâu. L'article racontait à sa manière les événements survenus dans cette paroisse depuis le début de l'année. Le refus des paroissiens de se plier au projet d'expropriation de leur village par la municipalité de Da Nang aurait été inspiré par un groupe d'extrémistes acharnés à envenimer le conflit.
En réalité, cet article s'adressait surtout à un groupe de membres du Congrès américain et de personnalités diverses, désireux de faire condamner le Vietnam sur cette affaire par des instances internationales. Un premier projet de résolution avait été déposé au Congrès américain par un représentant républicain du New Jersey, Chris Smith, associé à deux autres membres du Congrès, le 29 juillet dernier. Elle proposait une enquête sur place, menée conjointement par les Nations Unies, l'ambassade des Etats-Unis au Vietnam et la Commission américaine pour la liberté religieuse dans le monde (3). Le 18 août suivant, une séance d'information sur la liberté religieuse au Vietnam était organisée au Congrès. Cinq membres du Congrès y participaient (4). Un certain nombre de parents des paroissiens de Côn Dâu y ont présenté leur témoignage, y compris le frère de Thomas Nguyên Thanh Nam, décédé à la suite de violences infligées par la police.
Tout récemment, selon des informations recueillies par Radio Free Asia, une délégation étrangère (sans doute américaine) se serait rendue sur place pour entendre le témoignage des habitants de Côn Dâu, en particulier celui de la veuve de Thomas Nam. Auparavant, la police aurait fortement recommandé le silence aux personnes susceptibles d'être interrogées, si bien que la délégation n'a guère obtenu de réponses.
L'affaire de la paroisse de Côn Dâu a débuté au début de cette année avec le refus des paroissiens d'accepter un projet de la municipalité de Da Nang visant à construire une zone urbaine « écologique » sur l'emplacement de leur village. Deux événements ont transformé ce conflit en tragédie : une attaque policière menée contre un convoi funéraire tentant d'enterrer un mort dans le cimetière du village déjà confisqué et la mort, à la suite de violences policières, d'un père de famille, Thomas Nguyên Thanh Nam, le 3 juillet dernier.
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