Suivis par l'ensemble de la presse officielle, le chef du gouvernement et le chef de la police stigmatisent les catholiques de Hanoi et leur archevêque, rapporte « Eglises d'Asie », l'agence des Missions étrangères de Paris (EDA).
La campagne de dénigrement de l'archevêque et de la communauté catholique de Hanoi vient d'entrer dans une nouvelle étape. Les plus hautes autorités de l'Etat ont, le 1er octobre, lancé des accusations publiques contre les initiateurs des rassemblements de prière de Hanoi et, en particulier, contre l'archevêque, Mgr Joseph Ngô Quang Kiêt, la cible principale. A tour de rôle, le Premier ministre Nguyên Tân Dung, le vice-ministre de la Sûreté publique, les autorités policières, les organes du Parti communiste (Nhân Dân, Ha Nôi Moi) et le reste de la presse officielle ont concentré le feu de leurs critiques contre les « violations de la loi » commises depuis le mois de décembre dernier par la communauté catholique de Hanoi dans les affaires de l'ancienne Délégation apostolique et de la paroisse de Thai Ha.
Le Premier ministre Nguyen Tân Dung, qui, en janvier 2007, était allé à Rome rendre visite au pape et avait promis à l'archevêque de Hanoi, en décembre 2007, de régler à l'amiable l'affaire de la Délégation, a profité de la visite, le 1er octobre, d'une délégation de la Conférence épiscopale pour exprimer son mécontentement et lancer de très sévères accusations contre les catholiques de Hanoi et leurs pasteurs. Les propos adressés par le Premier ministre à la délégation épiscopale, conduite par Mgr Nguyên Van Nhon, dans l'après-midi du 1er octobre, ont été rapportés immédiatement par certains journaux officiels du soir (1) ainsi que par les journaux télévisés (2). Pour le moment, l'épiscopat vietnamien n'a fait connaître aucune version ou commentaire de cette visite au Premier ministre, visite traditionnelle après chaque réunion de la Conférence épiscopale.
Selon le journal Viêt Bao, le Premier ministre « a sévèrement critiqué les activités (des catholiques) menées en violation de la loi : grands rassemblements de prières, introduction de statues et de croix, érection de tentes, sabotage de biens publics, opposition à des fonctionnaires dans l'accomplissement de leurs tâches, autant d'exactions qui ont été commises sur la paroisse de Thai Ha et au 42 de la rue Nha Chung (ancienne Délégation apostolique) ». On ne peut accepter, a dit plus loin le Premier ministre, que le droit à la liberté religieuse soit utilisé pour commettre des actions illégales ou pour mettre en contradiction la législation propre à la religion et celle de l'Etat. Selon le site officiel du gouvernement (3), le chef du gouvernement aurait précisé que « les paroles et les actes de l'archevêque [avaient] grandement porté tort à son renom aussi bien dans la communauté catholique que dans la société, [avaient] influencé de manière fâcheuse les rapports entre l'archevêché et la municipalité de Hanoi ».
Faisant sans doute référence au récent document de la Conférence épiscopale (4), il a également expliqué que le rétablissement du droit de propriété privée était contraire à la Constitution et à la législation en vigueur. Il s'est déclaré partisan du dialogue, un dialogue qui, selon lui, a déjà conduit au règlement de plusieurs conflits de terre entre l'Etat et à l'Eglise catholique.
Le même jour, au cours d'une interview accordée à l'ensemble de la presse officielle vietnamienne (5), le vice-ministre de la Sûreté, le général Nguyên Van Huong, a également jugé avec une grande sévérité le responsable de la communauté catholique de Hanoi. Ce haut responsable de la police a été mêlé de près à l'affaire de la Délégation apostolique. Le 29 ou le 30 janvier 2008, il avait même promis a l'archevêque de Hanoi la restitution de la propriété réclamée. Dans son interview, il a reproché à Mgr Kiêt d'avoir envenimé les relations entre l'Eglise et le pouvoir et d'avoir porté tort aux rapports entre le gouvernement et le Vatican.
La presse officielle du 1er et du 2 octobre contient de nombreux articles paraphrasant et commentant le point de vue exposé par les responsables du gouvernement et de la police. Dans le journal de la police de Hanoi, Sécurité de la capitale (An Ninh Thu Dô), on peut trouver une lettre ouverte écrite par un lecteur ayant, selon ses dires, participé à la résistance antifrançaise et antiaméricaine, reprochant à l'archevêque son manque de patriotisme. L'organe principal du Parti communiste vietnamien, le Nhân Dân, publié, lui aussi, jour après jour, des articles ou des lettres ouvertes prenant pour cible l'archevêque et des fidèles de l'archidiocèse de la capitale.
(1)Viet Bao du 1er septembre 2008 (article : http://vietbao.vn/Chinh-Tri/Thu-tuong-tiep-doan-dai-dien-Hoi-dong-Giam-muc-Viet-Nam/20806499/96/)
(2)On trouvera le compte rendu de cette émission dans VietCatholic News.
(3)Trang Tin Diện Tu.
(4)Voir EDA 492.
(5)L'interview a été rapportée, entre autres, par la BBC en vietnamien (1er octobre) et Ha Nôi Moi (1er octobre 2008).
ROME, Jeudi 2 octobre 2008 (ZENIT.org)