Dans le diocèse de Huê, une paroisse et son curé sont entrés en conflit avec les autorités locales, rapporte « Eglises d'Asie », l'agence des missions étrangères de Paris (EDA).
Dans la clairière d'une forêt clairsemée, un autel de ciment surmonté d'une croix haute de 3 m 70 est posé sur un podium de pierres. Tout autour, sous des tentes de toile dressées sous les arbres, des membres des forces de l'ordre semblent faire le siège d'une forteresse invisible. Tel est l'étrange spectacle que l'on peut contempler sur le territoire de la paroisse de An Bang, dans le diocèse de Huê. Voilà quelque temps que les autorités civiles accusent la paroisse et son curé, le P. Nguyen Huu Giai, d'occuper illégalement une parcelle de la forêt domaniale. Ces jours derniers, la campagne d'accusations a redoublé d'intensité. Elle est relayée par la télévision de Huê, une radio locale et par un réseau de haut-parleurs disposés sur tout le territoire de la commune.
C'est au mois de mai dernier que les fidèles de An Bang ont élevé ce sanctuaire sur un terrain isolé de 600 m² offert à la paroisse par une ancienne paroissienne vivant aujourd'hui aux Etats-Unis. Cependant, la coutume de se rassembler en ce lieu pour prier date des années 1960, bien avant la prise de pouvoir des communistes. L'année dernière, une requête avait été envoyée aux autorités locales, demandant l'autorisation d'y élever un autel, une croix et une statue du Sacré-Cœur, ce qui permettrait aux fidèles trop âgés pour aller jusqu'à l'église de venir s'y recueillir. La lettre fut renvoyée aux expéditeurs sans commentaire. Cependant, lorsque les travaux furent entamés, les autorités firent savoir que, si les paroissiens avaient besoin d'un endroit de culte, ils devaient adresser une pétition aux autorités locales.
Après avoir d'abord condamné la paroisse à une amende de 300 000 dongs (14 euros) pour constructions illégales, le 16 septembre dernier, les autorités du district ont demandé au P. Nguyên Huu Giai de détruire tout ce qui avait été édifié. Le pouvoir local affirmait que le terrain considéré par les catholiques comme leur propriété était situé à l'intérieur d'une zone forestière protégée en vue d'éviter l'érosion des sols. Les fidèles, de leur côté, affirment que le terrain a toujours été cultivé depuis 1945.
Depuis le 26 septembre, des forces de police sont installées autour du sanctuaire, sous des tentes, pour surveiller les lieux. Les visiteurs étrangers à la région sont dissuadés de s'approcher de l'autel et de parler avec la population locale. Les haut-parleurs diffusent sans discontinuer leurs accusations contre la paroisse, en même temps que le contenu de la politique gouvernementale en matière de religion et de terrain.
Dans son journal, dont certaines parties sont diffusées sur Internet, le curé de An Bang décrit l'évolution de la campagne des autorités au cours de ces derniers jours. De nouveaux textes sont diffusés chaque jour par les médias locaux tandis que les cadres spécialisés entreprennent un certain nombre de démarches dont le but principal est de dissuader la population de soutenir son curé, de participer aux rassemblements de prières et de réagir en cas d'intervention violente des autorités. Pour cela, les cadres vont directement visiter les familles chrétiennes de la région. Certains fidèles sont appelés pour interrogatoire. Des lettres personnelles sont envoyées aux catholiques de la paroisse et des paroisses environnantes, ainsi qu'aux communautés religieuses.
Malgré la surveillance policière, nombreux toutefois sont les catholiques qui viennent prier devant la croix. Beaucoup d'entre eux récitent le rosaire pour que le gouvernement ne détruise pas ce lieu de culte.
ROME, Lundi 10 novembre 2008 (ZENIT.org)