Benoît XVI, qui évoque la rencontre de Madrid, en août 2011, où les participants ont fait « l’expérience d’une joie intense », axe son message sur la joie. Constatant que « dans le difficile contexte actuel, tant de jeunes ont un immense besoin d’entendre que le message chrétien est un message de joie et d’espérance », le pape souhaite donner « les chemins pour la trouver ». Dans son texte, il se fait très concret, proche des jeunes, conscients de leurs préoccupations et de leurs questions.
Notre cœur est fait pour la joie
L’aspiration à la joie, déclare Benoît XVI, est « imprimée dans le cœur de l’homme ». Mais pas n’importe quelle joie, précise-t-il : « Au-delà des satisfactions immédiates et passagères, notre cœur cherche la joie profonde, parfaite et durable qui puisse donner du “goût” à l’existence ». Et cela, note-t-il, est particulièrement vrai pour les jeunes, car la jeunesse est « un temps d’ouverture vers l’avenir où se manifestent les grands désirs de bonheur, d’amitié, de partage et de vérité et durant lequel on est porté par des idéaux et on conçoit des projets ».
Cependant, aujourd’hui, constate le pape, face à « tant de difficultés » et « d’inquiétudes pour l’avenir », de nombreux jeunes s’interrogent : « aujourd’hui la joie parfaite est-elle vraiment possible ? » Et ils la recherchent parfois sur des voies « erronées », ou « dangereuses », mais la question demeure : « Comment trouver la vraie joie dans la vie, celle qui dure et ne nous abandonne pas, même dans les moments difficiles ? »
Dieu est la source de la vraie joie
En réalité, poursuit le pape, la joie « parfaite » et « authentique » est un « fruit de l’Esprit Saint », elle vient de Dieu : « que ce soient les petites joies du quotidien comme les grandes joies de la vie, toutes trouvent leur source en Dieu ». Car « Dieu est joie infinie qui n’est pas renfermée sur elle-même mais qui se propage en ceux qu’il aime et qui l’aiment ».
Pour participer à cette joie divine, précise Benoît XVI, il faut « découvrir que la valeur et le sens profond de notre vie réside dans le fait d’être accepté, accueilli et aimé de lui », d’un accueil « inconditionnel » : « Et si Dieu m’accepte, s’il m’aime et que j’en suis certain, je sais de manière sûre et certaine qu’il est bon que je sois là et que j’existe ».
Au final, c’est « en Jésus Christ » que se trouve cette joie que l’homme cherche : la joie de sentir que « le mal n’a pas le dernier mot sur notre vie » car « l’amour de Dieu est vainqueur » grâce au salut donné par Jésus.
Garder la joie
Mais comment recevoir et garder ce don de la joie profonde ? Pour posséder « la paix et le vrai bonheur», répond le pape, il ne faut pas avoir peur de « faire un choix décisif » celui de « miser toute votre vie sur le Christ et son Evangile ». Pour vivre cette joie donnée par la foi, le pape donne trois outils :
En premier lieu, il faut apprendre à voir « comment Dieu agit dans vos vies », à le découvrir « caché au cœur des événements » du quotidien. Pour cela il faut souvent « tourner les yeux vers lui », en contemplant notamment « la croix », où il a « donné sa vie par amour » pour chacun : « La contemplation d’un tel amour établit en nos cœurs une espérance et une joie que rien ne peut vaincre ».
La rencontre avec Dieu se fait également en « accueillant sa Parole », qui est « joie pour le cœur » et dans laquelle on trouve « la réponse aux questions profondes de vérité » qui habitent l’homme. Enfin, le pape mentionne « la liturgie » qui est « par excellence le lieu où s’exprime cette joie que l’Eglise puise dans le Seigneur et transmet au monde ».
La joie de l’amour
Pour Benoît XVI, « la joie est intimement liée à l’amour » car « l’amour produit la joie et la joie est une forme d’amour ». L’amour requiert d’abord la « constance et la fidélité » aux engagements pris : même si la joie n’est pas toujours immédiate, reconnaît le pape, « la fidélité et la persévérance dans le bien » y conduisent.
L’amour exige aussi d’être « généreux », c’est-à-dire, explique-t-il, ne pas nous « contenter de donner le minimum », mais « nous engager à fond dans la vie », avec une « attention particulière pour les plus pauvres ». Concrètement, le pape exhorte à « chercher comment contribuer à rendre la société plus juste et plus humaine, là où vous êtes ».
La joie de la conversion
Pour vivre la vraie joie, poursuit Benoît XVI, il faut « repérer les tentations qui en éloignent » : il dénonce à ce propos la « culture actuelle » qui pousse souvent à rechercher des « plaisirs immédiats », favorisant « l’inconstance » et « la logique de la consommation ». Cependant, souligne-t-il, « l’avoir ne coïncide pas avec la joie ».
Certes, le chemin du chrétien rencontre des « obstacles » et même des « chutes », mais il ne s’agit pas de désespérer : « Dieu, dans sa miséricorde, ne nous abandonne pas », rappelle le pape, « il nous offre toujours la possibilité de retourner à lui, de nous réconcilier avec lui ». C’est pourquoi Benoît XVI recommande de recourir « souvent » au Sacrement de la Réconciliation qui est « le sacrement de la joie retrouvée ».
La joie dans les épreuves
Néanmoins, fait-il remarquer, lorsque l’homme est confronté à la souffrance, la joie pourrait sembler un leurre : « peut-on réellement vivre dans la joie au milieu des épreuves de la vie, surtout les plus douloureuses et mystérieuses ? Peut-on vraiment affirmer que suivre le Seigneur et lui faire confiance nous procure toujours le bonheur ? »
La joie chrétienne, répond-il, n’est pas une « fuite de la réalité », mais une « force surnaturelle » pour affronter et vivre les difficultés quotidiennes. Ainsi en témoigne le jeune bienheureux Pier Giorgio Frassati, souffrant d’une épreuve sentimentale, mais écrivant à sa sœur : « Tu me demandes si je suis joyeux. Comment pourrais-je ne pas l’être ? Tant que la foi me donnera la force, je serai toujours joyeux ! Chaque catholique ne peut pas ne pas être joyeux (…) Le but pour lequel nous sommes créés nous indique la voie parsemée aussi de multiples épines, mais non une voie triste : elle est joie même à travers la souffrance » (Lettre à sa sœur Luciana, Turin, 14 février 1925).
Témoins de la joie
Pour conclure, le pape exhorte à être « missionnaires de la joie » car « on ne peut pas être heureux si les autres ne le sont pas : la joie doit donc être partagée ».
Il encourage les jeunes à témoigner « en premiers », du « visage joyeux et heureux de la foi » afin de ne pas laisser le dernier mot à certains chrétiens qui vivent de façon « fatiguée et ennuyeuse ».
« Il vous appartient, insiste-t-il, surtout à vous, jeunes disciples du Christ, de montrer au monde que la foi apporte un bonheur et une joie vraie, pleine et durable. »
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