Il s’est confirmé comme un « intellectuel de premier ordre » accessible à tous, estime le directeur de L’Osservatore Romano, Gian Maria Vian, dans un édito publié au retour de ce voyage chargé pour le pape.
« En vol vers Berlin, le pape avait annoncé aux journalistes le but de son troisième retour dans sa patrie depuis qu’il a été élu successeur de l’apôtre Pierre : rencontrer les gens et parler de Dieu. Et il en a été ainsi, dans un des voyages les plus intenses et les plus importants du pontificat, durant lequel Benoît XVI, parlant justement de Dieu, a su se faire comprendre et a touché le coeur de très nombreuses personnes, pas seulement catholiques », estime Gian Maria Vian.
« Eloignant les stéréotypes qui depuis des dizaines d’années lui collent à la peau », le pape s’est confirmé comme « un homme à la foi transparente et profonde, un intellectuel de premier ordre qui a le don des gestes et des paroles que tout le monde peut comprendre ».
« Une visite réussie », estime donc le directeur du quotidien du Vatican, grâce aussi à « une hospitalité cordiale et à l’organisation impeccable assurée par les institutions civiles et par l’Eglise, dans chacun de ses moments ».
Dans ses discours, « Benoît XVI a proposé aux protestants de revenir ensemble à la ‘cause du Christ’ », « avec un éloge non prévu de Luther, une analyse franche du protestantisme contemporain et la demande, certes pas diplomatique mais exigeante d’un témoignage commun dans un monde qui s’éloigne toujours plus de Dieu ».
« Aux orientaux et aux orthodoxes, le pape de Rome a répété sa proximité, se réjouissant du dialogue dans l’orthodoxie, revenant sur la question cruciale du primat du successeur de Pierre, rappelant son espérance d’une union proche », a ajouté Gian Maria Vian.
Il rappelle aussi son discours au Bundestag, « une contribution au débat public adressé au monde occidental dans son ensemble », qui a posé encore une fois « la question des fondements de la politique ». En parlant aux catholiques, le pape a aussi « trouvé les mots qui demande un examen de conscience collectif, pas uniquement en Allemagne ».
« Dans un occident riche matériellement mais toujours plus pauvre et perdu par l’expansion d’un relativisme subliminal dévastateur, même dans l’Eglise, l’excès de structures risque en effet d’étouffer la foi, alors que la désertification spirituelle avance et que les effets purificateurs de la sécularisation ne sont pas cultivés ».
« Comment changer alors ? », a-t-il questionné. « A la manière des saints, c’est-à-dire dans la conversion de chaque jour au Christ, malgré les chutes et les scandales qui risquent d’obscurcir le scandale de la croix. C’est pour cela que les chrétiens tièdes sont plus dangereux pour l’Eglise que ses adversaires, c’est pour cela que les agnostiques et ceux qui souffrent des péchés des chrétiens sont plus proches du royaume de Dieu que les fidèles de routine ».
Marine Soreau
zenit